Rock : Howlin’ Banana Records, à plein tube

Le très actif label francilien propage un rock indé aux diverses nuances, avec une détermination avisée.

Jérôme Provençal  • 18 décembre 2024 abonné·es
Rock : Howlin’ Banana Records, à plein tube
© Léa Boeglin & Lulu Web

S’inscrivant dans le cadre d’une association créée en novembre 2011, Howlin’ Banana Records – label parmi les plus dynamiques et stimulants à l’heure actuelle dans la sphère du rock indépendant en France – a fait paraître son premier disque en mai 2012. Il s’agit en l’occurrence d’un 45-tours des Sixty Second Swingers, éphémère groupe de rock garage de La Rochelle. Depuis, de nombreuses autres sorties ont enrichi le catalogue, entièrement disponible sur la plateforme spécialisée Bandcamp.

Fondateur de cette entreprise, petite mais ô combien efficiente, Tom Picton nous confie avoir lui-même taquiné la guitare durant ses jeunes années mais souligne qu’il a «toujours été plus intéressé par le fait d’écouter de la musique plutôt que d’en jouer». À l’issue d’un stage de fin d’études effectué au sein du label anglais Dirty Water Records, il a décidé de lancer sa propre enseigne, animé par le sentiment «qu’il y avait une place pour exister dans le paysage français».

100 % artisanal

Très attaché au principe du do-it-yourself, si important dans le mouvement punk en particulier et dans la scène musicale alternative en général, il a d’emblée engagé Howlin’ Banana sur la voie d’une autonomie 100 % artisanale, toujours aussi cruciale à ses yeux aujourd’hui. Habitant à ­Maisons-Alfort, Tom Picton s’occupe du label tout seul chez lui, bénévolement, et sans percevoir aucune subvention. Il gagne sa vie en parallèle. Depuis 2019, il travaille ainsi comme programmateur à l’International, bar doté d’une salle de concerts en sous-sol dans le quartier Oberkampf à Paris.

Cette indépendance matérielle garantit la viabilité du label. «Le modèle économique est très souple car il n’y a aucun coût fixe, précise Tom Picton. Cela permet de prendre des risques et d’être très productif. L’argent rapporté par la vente des disques sert à financer d’autres disques. J’en suis à une dizaine de parutions par an, en grande majorité au format vinyle.» Par choix, il se consacre presque uniquement aux groupes et artistes français, souvent plutôt anglophones pour les paroles de leurs chansons.

Signer des groupes qui en sont au tout début est ce que je préfère. Cela demande davantage de travail, mais c’est plus excitant.

T. Picton

Reconnaissance oblige, Tom Picton reçoit évidemment beaucoup de sollicitations et de démos mais continue de fureter sur internet en quête de découvertes, Bandcamp et Instagram s’avérant ses canaux privilégiés. « Signer des groupes qui en sont au tout début est ce que je préfère. Cela demande davantage de travail, mais c’est plus excitant. Mon implication dans le processus artistique s’effectue à la hauteur de ce que souhaitent les groupes. »

De plus en plus éclectique

Entre nouvelles recrues et figures phares, Howlin’ Banana Records abrite désormais une bande opulente qui forme une grande famille, de plus en plus éclectique. « Ça reste du rock avec des guitares, car c’est ce que j’aime avant tout, mais ça part dans suffisamment de directions pour que je ne m’ennuie jamais. »

Devenues rituelles, les plantureuses compilations estivales numériques Summer Sampler offrent de parfaits concentrés de l’univers du label, le volume 11 ayant été mis en ligne en juillet dernier. De manière générale, 2024 se révèle un excellent millésime, avec un automne spécialement fertile. Citons l’album The Fun du groupe tourangeau Anna, qui distille une entêtante pop vaporeuse ; Crafted Achievement du big band parisien EggS, dont le très accrocheur rock mélodique évoque les Replacements à leur meilleur, et l’EP Backyard du trio bordelais Cosmopaark, qui propulse de saisissantes comptines bruitistes dans le sillage de My Bloody Valentine.

La pochette de « The Backyard » des Bordelais de Cosmopaark.
Pochette de « The Fun », du groupe tourangeau Anna.

Lùlù, gang power-pop partagé entre Lyon et Marseille, et chest., tout jeune groupe parisien post-punk/noise, ont été signés récemment, chacun ayant une sortie prévue en 2025. Cette nouvelle année verra par ailleurs réapparaître de vigoureux piliers du label, notamment les Toulousains Cathedrale (album à venir en février) et les Bordelais TH da Freak (album programmé au printemps). Pas de doute : approchant des quinze ans d’existence, la « Banane hurlante » nous promet encore d’intenses trépidations électriques à l’avenir.

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Musique
Temps de lecture : 4 minutes