Bayrou, l’homme dont personne ne voulait (pas même Macron) sauf le RN
Le président de la République a fait le choix de la continuité en nommant à Matignon le premier – et sans doute le dernier – des macronistes. Assurément une nouvelle aubaine pour l’extrême droite, à laquelle Emmanuel Macron ouvre encore davantage les portes du pouvoir.
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François Bayrou, le macronisme au bout du rouleau François Bayrou, haut commissaire aux bons plansL’aventure d’Emmanuel Macron a commencé avec François Bayrou. Elle finira avec lui. Le président de la République a fait le choix de la continuité en nommant à Matignon le premier – et sans doute le dernier – des macronistes. Alors que les Français ont exigé une politique de rupture, il prend ainsi le risque d’aggraver plus encore la crise démocratique que traverse le pays.
Qu’ont dit les Français en juillet dernier à l’occasion des élections législatives ? Pour les deux tiers d’entre eux, à la faveur d’un front républicain, qu’ils ne voulaient pas du Rassemblement national. Dans la même proportion, ils ont rejeté en deux blocs (NFP d’un côté, RN de l’autre) la politique menée par Emmanuel Macron depuis sept ans. Enfin, sans plébiscite aucun, ils ont préféré la coalition du Nouveau Front populaire qui est arrivée en tête du scrutin.
Emmanuel Macron s’entête à ne pas laisser la gauche gouverner.
Après un premier déni présidentiel qui a donné lieu au gouvernement le plus court de la Ve République avec Michel Barnier, Emmanuel Macron s’entête à ne pas laisser la gauche gouverner. Ainsi les quatre formations de gauche constituant le NFP ont elles d’ores et déjà annoncé ne pas vouloir participer à cette mascarade gouvernementale qui avait pourtant pour but de réunir et la gauche et la droite dans un même gouvernement dit « d’intérêt général ». Et qui n’avait d’intérêt général que dans l’intérêt personnel d’Emmanuel Macron, comme nous l’avons déjà écrit dans nos colonnes. Nouvel échec donc.
Le mantra macronien du « en même temps » prend l’eau une nouvelle fois. Pire, alors que le président de la République s’était engagé à ne plus dépendre du Rassemblement national devant les forces politiques réunies à l’Élysée la semaine dernière, Jordan Bardella assure « qu’il n’y aura pas de censure a priori », assurant au nouveau premier ministre une certaine forme de tranquillité et de stabilité à poursuivre la politique macronienne.
Comment alors ne pas imaginer que le RN n’a pas obtenu de garanties politiques ?
Si le patron du RN reconnaît que ce nouveau premier ministre « n’a pas de légitimité démocratique », il l’appelle néanmoins au « dialogue nécessaire ». Le regard bienveillant du parti lepéniste à l’endroit de François Bayrou ne date pas d’hier. Un « élu respectable » pour les députés du camp Le Pen. Une bienveillance qui a de quoi surprendre quand on retrace le parcours du Béarnais, qui a commencé sa carrière politique en 1982, il y a près de 42 ans.
Une faveur frontiste qui surprend d’autant plus que le maire de Pau et ses amis du Modem ont été de toutes les aventures de la droite et du centre depuis Jacques Chirac en passant par Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Ceux-là mêmes qui ont conduit le pays dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Tout ce que dénonce le FN-RN depuis des décennies. Comment alors ne pas imaginer que le RN n’a pas obtenu de garanties politiques – et sans doute certaines victoires dont il pourra se prévaloir dans les semaines à venir comme il l’a fait avec Michel Barnier – après tant de clémence ?
La vérité oblige à dire qu’Emmanuel Macron ne comptait pas nommer François Bayrou à Matignon. Mais en refusant de le nommer – ce qu’il avait pourtant confirmé à l’intéressé dès ce vendredi matin –, le Modem aurait sans doute quitté le « bloc central » qui ne compte plus grand monde, en dehors des macronistes et des centristes. C’est donc bien contraint par ses propres alliés qu’il a fini par céder. Le plus beau compliment qu’on puisse lui faire consiste à dire qu’il était le moins mauvais pour Matignon.
Parce qu’en réalité, le choix Bayrou ne satisfait personne : les macronistes étaient très divisés sur ce choix. Les Républicains n’en voulaient pas, la plupart n’ayant toujours pas digéré qu’il n’ait pas soutenu Sarkozy en 2007 et 2012. Et la gauche avait prévenu que le choix Bayrou serait une erreur. Finalement, seul le RN a volé à son secours. Certes timidement. Certes le couteau sous la gorge de Bayrou. Mais cette nouvelle nomination à Matignon constitue assurément une nouvelle aubaine pour le RN. Bayrou a fait élire Macron avec la promesse de faire reculer l’extrême droite, il vient de lui ouvrir les portes du pouvoir.
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