« Les paysan·nes de la Conf’ ont des idées et sont prêts à agir »
Albine Vaucouloux, candidate sur la liste Confédération paysanne de Loire-Atlantique, explique ce que cela changerait de détrôner la FNSEA.
dans l’hebdo N° 1845 Acheter ce numéro
Les élections aux chambres d’agriculture ont lieu du 15 au 31 janvier. Une échéance déterminante pour définir le poids politique des syndicats agricoles et donc l’avenir de l’agriculture. Albine Vaucouloux, candidate sur la liste Confédération paysanne de Loire-Atlantique (44), explique ce que cela changerait de détrôner la FNSEA.
Maraîchère, je me suis engagée à la Confédération paysanne dès mon installation, il y a plus de quinze ans, car, non issus du milieu agricole ni du département, c’est grâce à des paysans de la Confédération paysanne que mon conjoint et moi avons pu trouver nos terres et y construire un projet professionnel et de vie guidé par des convictions de protection de l’environnement et d’alimentation saine.
En 2019, coup de tonnerre pour la FNSEA, installée à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique (44) : la Confédération paysanne remporte les élections avec deux voix d’avance ! L’équipe de paysans élus, dont je fais partie, s’installe donc à la chambre. Nous découvrons l’étendue de son domaine d’action et l’absence de nos prédécesseurs sur bien des dossiers. Nous avons à cœur de bien faire et engageons les actions et commissions.
Mais c’est sans compter la toute-puissante FNSEA, qui s’est réveillée : refus de transmissions de dossiers, de chiffres, de rendez-vous… et un recours déposé par elle au tribunal administratif, qui conduira à un second vote en octobre de la même année. Élection cette fois remportée par la FNSEA, qui a mené une campagne très agressive et de bas étage.
Depuis octobre 2020, nous ne sommes donc plus que quatre élus confédérés à siéger à la chambre d’agriculture du 44. Malgré les promesses de début de mandat, nous n’avons jamais été invités aux commissions auxquelles nous étions inscrits, il n’y a pas eu de réunions dans les antennes locales, la dynamique territoriale est en berne, et une demande de destitution des représentants de la Confédération paysanne a été déposée. Lors de trop courtes et peu nombreuses sessions, nos motions sont sans cesse rejetées, la FNSEA étant systématiquement opposée à nos propositions, par dogmatisme.
Depuis quelque temps, nous sommes plusieurs à attendre avec impatience le retour des élections professionnelles à la chambre d’agriculture, ce moment où nous aurons enfin la possibilité de nous exprimer, d’expliquer ce qui ne va pas ou qui n’est pas fait par les élus FNSEA, et surtout de montrer que nous avons des idées, l’envie d’agir, et que nous sommes prêts. Mais une campagne électorale demande des moyens financiers importants et nous n’avons pas accès aux mêmes ressources que la FNSEA.
Nous sommes plus qu’inquiets car la démocratie et la pluralité sont mises à mal, insidieusement.
D’autant qu’après la réduction d’un tiers de nos subventions départementales nous venons d’apprendre que la présidente de la région Pays de la Loire, par mesure d’économie, supprime purement et simplement les subventions aux syndicats agricoles, ce qui représente les trois quarts du budget pour notre syndicat ! Concrètement, notre unique poste salarié va disparaître. Nous comptons encore plus que d’habitude sur les dons de nos sympathisants (1) afin de mener une campagne sereine et plus équilibrée face au rouleau compresseur FNSEA.
Dons sur HelloAsso, ou par chèque à l’ordre des Amis de la Conf (pour obtenir une réduction fiscale de 66 %), en indiquant au dos « don conf 44 », à envoyer à Confédération paysanne de Loire-Atlantique, 31, boulevard Albert-Einstein – CS 12361, 44323 Nantes Cedex 3.
Nous sommes plus qu’inquiets car la démocratie et la pluralité sont mises à mal, insidieusement mais avec des répercussions catastrophiques pour nos structures qui ne sont pas dans la ligne majoritaire des politiques en place. Malgré tout, grâce à un réseau de paysannes et de paysans dynamiques, solidaires, investi·es dans la vie locale, nous avons la possibilité de faire bouger les lignes en Loire-Atlantique.
Depuis le mois de décembre, nous multiplions les actions de terrain avec notre « Bétaillère Tour » qui sillonne tout le département : présence sur les marchés, rendez-vous avec des élus et avec les coopératives, conférences sur des thèmes comme la géobiologie ou l’impact des ondes électromagnétiques sur l’élevage, ciné-débat sur l’installation…
Les récentes manifestations agricoles auxquelles nous avons pris part ne doivent pas être détournées au profit de quelques-uns. La Confédération paysanne défend depuis plus de trente ans un projet de société pour des agriculteurs et des agricultrices nombreux·ses, fier·ères de leur métier, qui tirent un revenu décent de leurs productions, et qui sont accompagné·es et soutenu·es dans la transition écologique. La chambre d’agriculture est un outil incontournable pour relever les nouveaux défis afin de préserver l’environnement et de faire face aux conséquences du dérèglement climatique.
La carte blanche est un espace de libre expression donné par Politis à des personnes peu connues du grand public mais qui œuvrent au quotidien à une transformation positive de la société. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don