« Un monde violent », tension et suggestion

Maxime Caperan signe un premier long métrage ­prometteur.

Christophe Kantcheff  • 28 janvier 2025 abonné·es
« Un monde violent », tension et suggestion
Un monde violent retient sacrément l’attention  par l’intelligence de sa mise en scène, qui lui permet d’éviter les sentiers rebattus.
© UFO Films

Un monde violent / Maxime Caperan / 1 h 25.

Certains films ne paraissent pas à leur avantage si l’on s’en tient à leur intrigue. C’est le cas d’Un monde violent. Deux frères, Sam (Kacey Mottet-Klein) et Paul (Félix Maritaud), l’aîné, sûr de lui, sorti de prison depuis peu, attaquent nuitamment un camion rempli de téléphones portables. Un fait grave et imprévu survient : Paul tue le chauffeur routier. S’ensuit un enchaînement d’événements qui les entraînent vers toujours plus de violence et une cavale infernale.

Voilà un film de genre dont on pourrait dire qu’il est ultra-­classique, au point de craindre le déjà-vu. D’où cette question : pourquoi Maxime Caperan a-t-il donc choisi cette voie pour son premier long métrage ?

Remisons vite les a priori, d’autant que le début d’Un monde violent nous y aide amplement. Sam est au volant d’une camionnette, Paul le suit, conduisant le camion dérobé. La caméra reste sur Sam (le film adopte volontiers son point de vue), dont le visage avec la nuit et les reflets du pare-brise apparaît, disparaît ou n’est visible que par bribes. Sans interprétation à outrance, on peut lire ici le caractère de Sam : peu assuré, fragile, effacé. Tandis que, dans son rétroviseur, il voit soudain le camion faire des zigzags sur la route. C’est ainsi que le cinéaste suggère le meurtre sans le montrer, tout en maintenant une tension de bout en bout.

Belle promesse

Voilà pourquoi Un monde violent retient sacrément l’attention : l’intelligence de sa mise en scène, qui lui permet d’éviter les sentiers rebattus. Et une rigueur qui n’empêche pas l’intensité des confrontations quand les choses tournent mal, d’autant plus rudes quand elles opposent Paul à Sam ou Paul à Suzanne (Olivia Côte), qui, plus âgée, l’aime et a agi en complice des deux frères.

En revanche, la dimension chronique sociale dans une zone semi-rurale n’est pas suffisamment creusée pour ne pas rester anecdotique – la séquence sur un rond-point avec des gilets jaunes en est l’illustration. Qu’à cela ne tienne ! Le thriller construit en spirale est à lui seul suffisamment cohérent, et les comédiens s’y révèlent très convaincants. Un monde violent est une belle promesse. À suivre.

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Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes