Oxfam contre les richesses imméritées

C’est une production hivernale à laquelle on risquerait de s’habituer si, d’année en année, le rapport d’Oxfam sur les inégalités dans le monde ne dressait un constat toujours plus alarmant. « La fortune des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024, trois fois plus vite qu’en 2023 », nous apprend l’ONG dans ce rapport titré L’Art de prendre sans entreprendre.

Deux enseignements s’en dégagent. D’une part, l’extrême richesse provient aujourd’hui principalement de l’héritage, de situations de monopoles et de liens de connivence. Les 204 nouveaux milliardaires de 2024 sont plus nombreux à devoir ce statut à des héritages qu’à leur entreprenariat. D’autre part, le lourd héritage de notre passé colonial explique la fortune de nombreux super-riches. Et cela continue : en 2023, les 1 % les plus riches du Nord ont ponctionné 30 millions de dollars par heure aux pays du Sud.

Alors qu’en France une personne parmi les 1 % les plus riches gagne en six jours ce qu’une personne parmi les 50 % les plus pauvres gagne en un an, Oxfam appelle les États à ce que les revenus des 10 % les plus riches n’excèdent pas ceux des 40 % les plus pauvres. Elle leur recommande aussi de taxer les plus riches en mettant fin aux paradis fiscaux, en taxant les super-héritages et par une politique fiscale mondiale encadrée par les Nations unies. Mais aussi de mettre fin au transfert de richesses des pays du Sud vers ceux du Nord. Au moment où Donald Trump est investi en présence des plus influents milliardaires états-uniens, cela a tout d’une utopie.