Donald Trump, la détestation du multilatéralisme
Le néolibéralisme ultra-conservateur et oligarchique, est-ce bien là le projet du futur président des États-Unis ? À ce stade, son action c’est la parole. Elle pèse déjà beaucoup.
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« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international » Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuseEn collaboration avec Regards.
Donald Trump déteste beaucoup de choses (le wokisme, les losers ou les étrangers – il en parle à longueurs de meetings). Mais il déteste tout autant le multilatéralisme. Lors de son premier mandat, affirmait devant l’ONU que « l’Amérique agira[it] toujours dans son propre intérêt ». Il avait sorti son pays de l’Unesco et des accords de Paris. Décisions sur lesquelles est revenues son successeur, Joe Biden.
Pour tourner le dos au multilatéralisme, Donald Trump a une propre stratégie – qu’il applique autant au monde des affaires qu’à celui de la politique ou des relations internationales : au lieu d’accepter de n’être qu’une voix dans le concert des nations, il préfère s’engager directement dans un bras de fer d’homme à homme, en faisant peser sur son interlocuteur la puissance de son pays, autant fantasmée que réelle. Ce bilatéralisme viril lui évite les alliances et les règlements d’organisations qu’il abhorre.
Mais ce n’est pas son seul mode de dialogues et d’actions sur la scène internationale : Donald Trump aime aussi le transactionnel, éprouvé dans son passé entrepreneurial. Il négocie – voire troque – des soutiens contre des contrats, des cessez-le-feu contre des laissez-passer… Ce qui étonne voire choque, c’est la transparence avec laquelle il agit en la matière et la façon qu’il a de s’approprier des succès. Le dernier en date : le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Les diplomaties nationales et celles qui font fonctionner les grandes organisations internationales sont inquiètes. Le retour de Donald Trump au pouvoir risque d’accélérer la décrépitude des cadres de travail dans lesquels elles évoluaient depuis maintenant plusieurs décennies. Tout le monde est bien conscient que cette construction fragile des relations internationales et des États-nations depuis la Seconde Guerre mondiale, n’est pas parfaite. Mais elle a permis de se projeter dans des combats pour encadrer la loi du plus fort.
Le néolibéralisme ultra-conservateur et oligarchique, est-ce bien là le projet de Donald Trump ? Comme le dit le politiste Bertrand Badie dans La Midinale, Trump se fend d’une communication permanente et pléthorique (qui fait en partie son succès). À ce stade, son action c’est la parole. Elle pèse déjà beaucoup. Trump ne s’interdit pas pour autant les passages à l‘acte. C’est dire s’il est inquiétant.
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