Généralisons le repas Crous à 1 euro

À l’occasion de la journée d’initiative parlementaire des députés socialistes ce 23 janvier, l’Unef Renouveau syndical, une scission de l’Unef, soutient la proposition de loi concernant la généralisation du repas à 1 euro pour tous les étudiants pour que la France puisse devenir un « un modèle du recul de la précarité étudiante en Europe ».

Collectif  • 22 janvier 2025
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Généralisons le repas Crous à 1 euro
Un repas Crous à 1 euro, photo issue du portfolio publié dans notre hors-série n°78 "Faim du monde et soif d'alternatives", en novembre 2023.
© Maxime Sirvins

Nous avons tous en tête les images pendant la crise du covid-19 des interminables files d’étudiants en attente sur les trottoirs pendant des heures, parfois dans le froid et sous la pluie pour accéder aux distributions alimentaires. La crise sanitaire est finie, mais la crise étudiante est toujours là. Les étudiants ne sont pas la priorité des gouvernements successifs : les premiers ministres s’enchaînent, mais rien ne change ! 

Les gouvernements, n’ont eu de cesse de mettre à mal les crédits alloués à l’enseignement supérieur malgré la massification de la population étudiante. Aujourd’hui, ce sont près de 630 millions d’euros que le gouvernement souhaite supprimer dans le budget de l’ESR (enseignement supérieur et recherche).

Un étudiant sur deux saute des repas pour des raisons financières.

Dans un contexte de forte inflation, le coût de la vie étudiante a explosé de plus de 27,76 % depuis le premier quinquennat de Macron. Les chiffres sont alarmants : quand 14 % de la population générale vit sous le seuil de pauvreté, on parle de 68,5 % pour la population étudiante. En effet, un étudiant sur deux saute des repas pour des raisons financières. À bout de souffle, la jeunesse en formation est désormais en apnée, et cette situation va terriblement s’aggraver.

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La promesse républicaine est celle de l’émancipation, la réalité est celle de la précarité. C’est dans ce terrible contexte que le gouvernement en 2021 a décidé de supprimer le repas Crous à 1 euro pour les non-boursiers. Les aides existantes sont souvent mal configurées, calculées sur les revenus des parents ou méconnues. Elles ne répondent pas aux besoins essentiels des étudiants, contraignant près d’un étudiant sur deux à se salarier en parallèle de ses études.

Les petits boulots ne suffisent pas à pallier les insuffisances des aides sociales, mais créent des inégalités entre les étudiants qui doivent se salarier et les autres. On considère qu’au-delà de 12 h par semaine, le salariat met en péril la réussite académique des plus précaires, compromettant leurs chances d’émancipation. Les étudiants finissent par sacrifier leur santé, leurs loisirs et leur qualité de vie sur l’autel de la survie quotidienne

Les jeunes ont faim, les intérêts partisans doivent s’effacer. 

À ce titre, nous, syndicalistes étudiants de l’Unef Renouveau syndical, demandons la mise en place du repas Crous à 1 euro pour toute la jeunesse en formation et l’élargissement des capacités d’accueil des restaurants et cafétérias pouvant offrir cette tarification sociale. Faisons de la France un modèle du recul de la précarité étudiante en Europe. Ne laissons pas nos présentes réticences sacrifier notre avenir. Nous appelons l’ensemble des députés de gauche, du centre et de la droite républicaine à voter ce texte dès ce jeudi 23 janvier dans le cadre de la niche socialiste. Les jeunes ont faim, les intérêts partisans doivent s’effacer. 

Pourtant, les députés Renaissance et LR ont rejeté le repas à 1 euro pour tous les étudiants en février 2023. Sous prétexte que la généralisation de la mesure reviendrait à subventionner les repas « pour les petits-enfants de Bernard Arnault ». Certains proposaient même que tout étudiant qui souhaite bénéficier de la mesure s’engage en contrepartie au service d’une collectivité locale. Il est urgent de reprendre ce combat immédiatement afin de faire adopter cette proposition de loi. 

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Face à cette situation et à l’inaction des politiques, les étudiants s’organisent, comme en témoignent le nombre et la fréquence croissante de distributions de denrées alimentaires sur les campus. Là où les repas s’amenuisent, les files d’attente pour ces distributions n’ont cessé de s’allonger. L’Unef Renouveau syndical notamment a été et sera toujours présente pour organiser la solidarité et défendre les intérêts de la jeunesse et ce, sur tout le territoire. 

L’urgence est là : nous demandons des réponses.

Cependant, cette solidarité ne devrait pas être banalisée. Elle intervient suite à un désengagement de l’État sur nos lieux d’études, une protection sociale défaillante pour les jeunes et un système de bourses dépassé. Face à ces insuffisances, les étudiants s’organisent pour combler les angles morts de l’action publique. Toutefois, ce n’est pas aux étudiants de pallier les manquements de l’Etat, mais à ce dernier de se saisir du sujet de la pauvreté étudiante. L’urgence est là : nous demandons des réponses. La première s’offre à nous demain à l’assemblée : la généralisation du repas pour toutes et tous. 

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