Lala Ebba Cheij : « Je suis une divorcée 5 étoiles ! »

Rencontre avec la pétillante directrice de la Maison des femmes du campement de réfugié·es sahraoui·es d’Aousserd.

Patrick Piro  • 27 février 2025 abonné·es
Lala Ebba Cheij : « Je suis une divorcée 5 étoiles ! »
© Patrick Piro

« Cette femme est une grande lutteuse », glisse, admiratif, notre traducteur. Lala Ebba Cheij, 35 ans, est directrice de la Maison des femmes du campement de réfugié·es sahraoui·es d’Aousserd, une structure indépendante dédiée à la promotion des femmes. Pétillante, elle se joue des questions avec un sens naturel de la formule.

Le discours officiel fait grand cas de la promotion de la femme dans la société sahraouie. Que percevez-vous de sa réalité ?

Je dirais que nous sommes satisfaites de la place que nous avons acquise auprès de « notre frère l’homme ». La femme sahraouie est très émancipée. Dans les camps, c’est elle la « numéro un ». Quand les hommes partent à la guerre, ce sont elles qui prennent en charge toutes les tâches, celles des femmes et celles des hommes.

La femme sahraouie est maîtresse de son destin matrimonial, et le divorce la glorifie.

Pourtant, n’est-elle pas moins considérée dans la sphère familiale que dans l’espace public ?

À la maison, nous sommes consultées – par nos maris, nos pères, nos frères. Et écoutées ! Quant à l’argent, si un homme de la maison en possède, ça n’interdit pas à la femme d’aller mettre la main à sa poche pour se servir.

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Le divorce semble plus facilement accepté dans la société sahraouie que chez d’autres peuples arabes. Mais ne marginalise-t-il pas les femmes ?

Absolument pas ! Pour ma part, je suis divorcée, sans enfant. Le jour de la séparation, j’ai fait la fête, et puis une autre encore lors de mon retour au sein de ma famille ! Une femme divorcée, ici, elle est considérée « 5 étoiles », au bénéfice de son expérience de la vie. La femme sahraouie est maîtresse de son destin matrimonial, et le divorce la glorifie.

Et, dans la vie publique, les femmes accèdent-elles sans difficulté à des postes à responsabilité ?

Certes, elles y sont moins nombreuses que les hommes, mais en proportion plus importante que dans le reste de l’Afrique et même de la plupart des pays européens ! D’ailleurs, vous ne voulez pas m’emmener avec vous en France ?

On pourra toujours vous loger, si vous venez…

Attention, je ne veux pas habiter chez vous, hein ! Je veux juste arriver là-bas, après je file à mes affaires et occupations ! 

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