Trump et Poutine, de moins en moins seuls en Europe

Alors que Trump et Poutine s’accordent pour avancer ensemble dans la résolution de la guerre en Ukraine, sans le pays de Zelensky ni l’Europe, les élections fédérales allemandes – où l’extrême droite pourrait faire une entrée spectaculaire au Bundestag – vont rebattre les cartes de l’Union. Scrutin à haut risque.

Pierre Jacquemain  • 21 février 2025
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Trump et Poutine, de moins en moins seuls en Europe
Marche contre Donald Trump, à Chicago, en 2018.
© Rob Walsh / Unsplash

Les élections fédérales allemandes, qui auront lieu ce dimanche 23 février, seront décisives à plus d’un titre. Avec l’élection de Donald Trump, les États-Unis, dont on sait les liens depuis la seconde guerre mondiale avec la République Fédérale d’Allemagne, sont passés de la force du droit au droit de la force. Peu importent à ce titre les règles du droit international, peu importe la diplomatie, la question ukrainienne d’un côté, celle du Canada de l’autre ou même du Groenland, ne relève pas seulement d’une question de conquête territoriale, elle est aussi une question civilisationnelle, d’influence, à savoir étendre les valeurs réactionnaires partout où cela sera possible.

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Voilà ce qui unit Poutine à Trump : mener la guerre à une Europe considérée comme « décadente ». Les résultats de dimanche seront scrutés avec attention par toute l’Europe mais aussi par les États-Unis et la Russie. Et l’on retient notre souffle ! Parce que les deux partis que les sondages donnent en tête du scrutin, de manière constante depuis plusieurs semaines, sont le parti conservateur CDU pour près de 30 % et l’AfD pour près de 20 %. L’extrême droite doublerait ainsi son score par rapport aux précédentes élections fédérales de 2021 ! Quant aux « gauches », elles n’arriveraient qu’après, avec des estimations allant de 17 % pour les sociaux-démocrates du SPD à 12 % pour les écologistes et 9 % pour Die Linke.

Le projet européen n’a jamais été autant dans l’impasse.

Ce dernier parti de la gauche radicale opère une relative remontada en cette fin de campagne, porté par un discours antifasciste qui séduit. Rassurant petit sursaut mais loin d’être suffisant. L’Allemagne pourrait devoir compter sur une force politique, celle de l’extrême droite, qui n’aura jamais eu autant de membres au Bundestag depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout un symbole à l’heure des saluts nazis décomplexés outre-Atlantique.

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Le probable futur chancelier, le chef de la CDU Friedrich Merz – qu’on présente volontiers plus atlantiste qu’européen –, aura beau jeu de vouloir repositionner l’Union européenne du côté de la Pologne pour défendre plus encore l’Ukraine comme il l’a toujours fait – dans une toute aussi probable coalition avec les sociaux-démocrates et les libéraux –, il n’en reste pas moins qu’avec la spectaculaire progression de l’extrême droite en Allemagne et ailleurs en Europe – de l’Italie à la Finlande aux Pays-Bas en passant par la Hongrie –, Trump et Poutine sont de moins en moins seuls sur le Vieux Continent.

Le projet européen n’a jamais été autant dans l’impasse : l’UE est certes un large marché avec des intérêts nationaux divergents mais quoi d’autre ? Pour l’instant, rien n’indique qu’une proposition alternative qui prenne véritablement en considération les peuples ne voie le jour dans un futur proche.

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