Au CRA de Vincennes, Mehdi, 22 ans, maintenu en rétention après une tentative de suicide

Placé à l’isolement, Mehdi a tenté de se suicider le 9 janvier dernier au CRA de Vincennes et y a été ramené après son hospitalisation. La préfecture n’a pas jugé bon d’en avertir le juge, qui a prolongé sa rétention malgré des « risques suicidaires importants. » Reportage.

Pauline Migevant  • 17 février 2025 abonné·es
Au CRA de Vincennes, Mehdi, 22 ans, maintenu en rétention après une tentative de suicide
© Pauline Migevant

C’est un matin de janvier, le jeudi 9, dans le bâtiment 1 du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes. Mehdi, 22 ans, a été placé à l’isolement. Il frappe sur la porte, pendant plus d’une heure, pour s’expliquer. « L’insulte, c’était pas pour vous madame la policière, c’était pour la télé ! » Il frappe encore, estimant qu’il n’aurait pas dû être placé dans cette salle, où il n’y a rien d’autre qu’un fin matelas posé sur un sommier, sans même de draps. Il frappe sur la porte mais personne ne répond. « À ce moment-là, je me sens comment ? Je suis quoi, une merde ? Moi, je me sens comme moins que rien. » Alors, Mehdi « vrille ». À midi, il est retrouvé pendu avec un lacet.

Sans nouvelles de Mehdi, Manon*, une proche de Mehdi, appelle ses coretenus. Les petits portables sont autorisés en rétention, s’ils n’ont pas de caméra. Il lui est arrivé de recevoir des appels de Mehdi depuis « le bigo » des coretenus quand le sien était déchargé. Elle ne parvient pas à les joindre, et commence à s’inquiéter fortement.

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Les prénoms suivis d’une astérisque ont été changés.

Elle contacte l’Assfam (1), l’association présente dans le CRA ce jour-là, qui répond que plus personne n’est sur place – les bureaux de l’association sont dans le même couloir que la chambre d’isolement et les membres de l’équipe ont entendu du bruit. « J’ai dit à mon équipe de rentrer pour se protéger du choc psychologique », explique a posteriori Mathilde Buffière, responsable rétention de l’association. L’Assfam conseille à Manon d’appeler directement l’administration du CRA. Ce qu’elle fait vers 16 h 30, elle demande si Mehdi est à l’isolement.

1

Établissement du groupe SOS Solidarités, qui exerce une mission spécifique d’aide à l’accès aux droits des retenu·es dans plusieurs centres de rétention en France.

Au téléphone, quelqu’un lui répond qu’il n’y a rien écrit sur le registre, que Mehdi est là. « Ils m’ont dit : ‘Vous pouvez même lui rendre visite aujourd’hui si vous voulez.’ » Les heures passent. Informée de ce qui peut se passer dans les centres de rétention, elle ne peut s’empêcher de penser aux violences policières et aux gens qui y sont morts, comme Mohammed, un Égyptien de 59 ans mort au CRA de Vincennes en 2023. Elle devra attendre 18 heures pour recevoir un appel masqué. C’est la police.

« Ne vous inquiétez pas »

« Il est à l’hôpital. Il a fait une tentative de suicide. Ne vous inquiétez pas. » « Il est à Cochin », finit par indiquer le policier, en réponse à ses questions. Manon appelle le service des urgences. « Une infirmière m’a dit qu’elle avait accès à tous les dossiers des hôpitaux de Paris et qu’il n’était nulle part. » Elle s’angoisse et finit par joindre les coretenus. « On sait que quelqu’un a été transféré à l’hôpital ce matin », lui disent-ils. « Apparemment, il est dans un état critique. Apparemment, il est mort. Mais moi j’en sais rien. »

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Manon appelle « un peu tous les hôpitaux. » Une femme finit par lui dire que s’il est en rétention, les dossiers sont de toute façon confidentiels et qu’il n’y pas moyen d’y avoir accès. Manon ayant évoqué la tentative de suicide, une autre lui dit que, peut-être, il est en réanimation. Elle finit par avoir une infirmière du service de réanimation de Cochin. « Oui, oui, il est là. » Manon pose des questions et entend l’infirmière demander confirmation au policier qu’elle imagine juste à côté. « Je peux juste vous dire qu’il est stable », dit l’infirmière. Il faudra attendre 22 h 30 pour obtenir des nouvelles.

Les comptes rendus d’hospitalisation restituent ce qui s’est passé : après avoir été « perdu de vue pendant une heure », le jeune homme a été « décroché par le médecin du CRA », et admis peu avant 14 heures à l’hôpital Cochin. Mehdi est alors inconscient mais respire, dans le « coma secondaire » à la suite d’une « pendaison complète ». D’après l’avis rédigé par la psychologue de l’hôpital, il « persiste dans ses idées de se donner la mort » et présente « un risque de récidive ». Le document évoque un « risque suicidaire important », d’où son transfert lendemain à l’IPPP, l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Mais le 11 janvier, moins de 48 heures après sa tentative de suicide, il est ramené au CRA.

L’entrée du centre de rétention administrative de Vincennes. (Toutes photos : Pauline Migevant.)
La cour d’un des bâtiments (le 2A). Les grillages sont surmontés de barbelés.
Une chambre d’isolement du bâtiment 2A.

Des enfermements successifs

Comment ce jeune homme de 22 ans s’est-il retrouvé au CRA de Vincennes ? Mehdi a 16 ans quand il arrive en France pour un regroupement familial. Il rejoint son père, médecin dans le nord de la France. Après une première peine de prison pour des délits commis lorsqu’il était adolescent, il est enfermé 18 jours au CRA de Lille en janvier 2023. Le tribunal administratif annule son OQTF et ordonne à la préfecture de lui délivrer une autorisation provisoire de séjour. Ses démarches pour obtenir des réponses de la préfecture sont vaines : il n’obtiendra ni le titre ni le récépissé (document attestant que les démarches sont en cours et permettant entre autres de trouver un travail.)

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Il reprend le bénévolat qu’il faisait aux Restos du cœur durant le covid-19, ça lui permet aussi de manger. « Entretemps y a eu un délit. Ça faisait plus de quatre mois que je vivais sur les côtes du resto du cœur. Mon père était au chômage après son contrat à l’hôpital. J’ai vendu un peu de shit et de beuh, pour subvenir à mes besoins. Un petit [avec lequel il vendait des stupéfiants, N.D.L.R] a arraché un bijou, il était mineur. J’ai pris tout sur mon dos et 18 mois de prison. Avec une ITF [interdiction du territoire français, N.D.L.R.] de 5 ans. Depuis je subis tout ça. »

Après sa détention, il est transféré directement au CRA de Lyon fin août 2024. Il y passe 90 jours, la durée maximale depuis une réforme de 2018 portée par Gérard Collomb, alors ministre de l’Intérieur. Mehdi explique que, là-bas, il donnait des coups de main à l’infirmière, désinfectant chaque jour les abcès d’un autre retenu. Il tient à le dire : ce qu’il voudrait faire dans la vie, inspiré par son père médecin, c’est être infirmier. Il avait obtenu son diplôme d’aide à la personne, fait des stages – « gratuitement, bien sûr, car c’était un métier que j’aimais bien, comme une passion » – et travaillé ponctuellement à l’hôpital. À sa sortie du CRA le 24 novembre 2024, il est assigné à résidence, pour 12 mois, un moyen qu’ont les préfectures pour garder la main sur les personnes qu’elles souhaitent expulser.

Y avait pas eu de délit, juste un contrôle de papiers et j’ai été mis au CRA directement.

Mehdi

Le 20 décembre comme tous les jours, il va signer à 14 heures au commissariat de Laon, dans l’Aisne. Puis il prend un train pour Paris. Il sait qu’il n’a pas le droit de quitter Laon mais souhaite retrouver sa mère à la gare et repartir tout de suite vers le nord de la France. La dernière fois qu’il a vu sa mère, il avait 13 ans, c’était juste avant son départ en France. Arrivé gare du Nord à 17 h 10, Mehdi va chez « Paul », histoire de boire un café. Il prend sa boisson, sort de la boutique.

Il s’apprête à regarder les panneaux d’affichage pour voir si l’horaire exact du train dont il sait qu’il doit arriver d’Espagne vers 20 heures est déjà indiqué. Ça fait 30 minutes qu’il est dans la gare. Des policiers l’interpellent. « Vite fait bien fait. » Contrôle d’identité. 24 heures de garde à vue. Il expliquera aux policiers avoir simplement voulu aider sa mère, celle-ci étant âgée et ayant un kyste au poignet, à porter ses valises, pour rentrer immédiatement à Laon. C’est peine perdue.

« Sous le choc »

« J’étais sous le choc. Y avait pas eu de délit, juste un contrôle de papiers et j’ai été mis au CRA directement. » Au CRA, Mehdi ne parvient pas à dormir. Avec lui, dans la chambre, « un monsieur âgé, la soixantaine. Il était handicapé, il ne pouvait même pas faire ses besoins. Parce qu’y avait que des toilettes turques. Dans la nuit, j’ai prévenu le policier plusieurs fois, mais il s’en fichait ».

Mehdi ne verra sa mère que le lendemain, en pleurs, dans la salle préfabriquée servant aux visites, limitées à 30 minutes. Ils sont assis chacun derrière une table, séparés par une vitre en plexiglas. « Elle pensait me voir en liberté et j’étais en CRA. Ça lui a fait de la peine que je sois renfermé encore une fois. J’ai même pas eu un mois dehors. » Le « parloir » est petit, les policiers peuvent entendre les conversations des retenus avec leurs proches qui eux-mêmes peuvent entendre celles du retenu d’à côté.

Les sanitaires sont sales et sentent fortement l’urine lorsqu’on s’en approche. (Toutes photos : Pauline Migevant.)
Une « cellule » de retenus dans le bâtiment 2A. Les draps sur les fenêtres permettent de garder un peu la chaleur.
Les visites ont lieu dans les préfabriqués. Le « parloir » est petit. Les conversations des personnes retenues se mêlent entre elles, les policiers peuvent les entendre.

Mehdi a quelques visites mais il ne supporte pas l’enfermement. « Depuis ma rétention, je commençais à entendre des voix dans ma tête qui me disaient que j’étais une merde. Mais j’étais repenti de mes erreurs du passé et j’avais mon diplôme d’aide à la personne », poursuit-il. Alors, après deux semaines dans « le pire CRA » des trois qu’il a connus, il « craque ». « C’est là que j’ai fait ma TS ».

Ces centres, c’est pire que de la détention, c’est Alcatraz.

Père de Mehdi

« Le fait d’être enfermé, c’est hardcore psychologiquement. Et les conditions de rétention, ça n’aide pas. La nourriture dégueulasse, le fait d’être sevré d’un coup quand ils fument du shit, c’est très dur », estime Manon, régulièrement en contact avec Mehdi. « Plus t’es enfermé, plus ça rend fou. Ça faisait trois jours qu’il ne dormait pas et être mis à l’isolement sans raison, ça l’a fait péter un câble. », poursuit-elle. « Ces centres, c’est pire que de la détention, c’est Alcatraz », estime le père de Mehdi. En tant que médecin, il lui est arrivé de travailler en prison, et il sait que « l’enfermement, ça affecte le psychisme ». Quatre fois, il est venu voir Mehdi au parloir. « J’avais senti qu’il était au bout du rouleau. »

Le silence de la préfecture

Le lundi 20 janvier, c’était un jour comme un autre au tribunal judiciaire de Paris, dans une audience du juge des libertés et de la détention (JLD), chargé de se prononcer sur le maintien ou non en rétention. Les retenus arrivent à l’audience, seuls ou en groupe, escortés par la police, dont des agents sont postés devant chacune des portes de la salle, afin de prévenir toute tentative d’évasion. Du CRA au tribunal, ils sont conduits dans un fourgon exigu : une « cage trop petite » dans laquelle Mehdi explique devoir « rester debout pour moins souffrir ».

L’avocate de la préfecture s’occupe de tous les dossiers du jour. Elle plaide pour tous le maintien en rétention. Les retenus ont leur avocat. Si c’est un commis d’office, aucune chance d’être libéré, ceux-ci découvrant quelques heures avant l’audience la nature des dossiers. N’ayant aucune pièce à présenter, ils ne peuvent alors compter « que sur la sagesse du juge », confie une avocate. Les retenus, eux, sont assis sur le même banc, les uns à côté des autres. Tous semblent stressés. Certains scrutent le magistrat, estimant, selon son âge, s’il sera susceptible ou non de les libérer. D’autres échangent à voix basse deux ou trois mots avec leur avocat.

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Un homme se triture les mains sans comprendre les échanges, attendant l’interprète qui traduira lorsqu’il sera debout face au juge. Le magistrat ne parle pas fort, le ton est monotone. Les dossiers s’enchaînent rapidement : beaucoup d’erreurs de procédure de la préfecture. Un homme, par exemple, a été convoqué au consulat du Maroc – étape nécessaire pour obtenir un laissez-passer permettant l’expulsion –, alors qu’il est algérien. Les retenus n’ont pas la parole sauf pour confirmer leur identité.

Monsieur a fait une tentative de suicide alors qu’il était à l’isolement, qu’il est resté perdu de vue pendant une heure.

Me Galmot

Mehdi se lève, c’est à son tour. Dans les 89 pages d’éléments fournis par la préfecture au juge, disséquant son passé judiciaire et administratif, aucune mention de la pendaison ou des « risques suicidaires importants » décrits dans le compte rendu d’hospitalisation. Aucune mention même de l’hospitalisation et de sa sortie du CRA du 9 au 11 janvier alors que l’annexe d’un arrêté de 2018 explique que celle-ci doit figurer sur le registre du CRA.

Nina Galmot, l’avocate de Mehdi, plaide : « La préfecture vous demande d’exercer votre rôle de garant des libertés individuelles et de vous prononcer sur le maintien en rétention de mon client sans vous informer que monsieur a fait une tentative de suicide alors qu’il était à l’isolement, qu’il est resté perdu de vue pendant une heure, qu’il a été en réanimation dans un coma secondaire, et qu’il présente toujours des risques suicidaires importants. »

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« Secret médical », invoque l’avocate de la préfecture, qui explique aussi que l’accès aux pièces peut être compliqué – d’après le compte rendu d’hospitalisation, celui-ci a pourtant été faxé au CRA. Elle explique que Mehdi peut toujours solliciter les médecins de l’OFII (Office français de l’intégration et de l’immigration), qui estimeront la compatibilité de son état de santé avec le maintien en rétention. Le juge dicte à la greffière son ordonnance.

Mehdi est libéré, sans l’être vraiment. Le juge lui indique comme il le fait avec d’autres : « Il faut encore attendre la décision de la préfecture pour l’appel. Par ailleurs, vous pouvez encore faire l’objet d’un contrôle et être à nouveau placé en centre de rétention administrative. » La préfecture fait effectivement appel.

Quelques semaines après le meurtre de Philippine, le ministre de l’Intérieur, ayant promis de durcir la politique migratoire, avait adressé une circulaire aux préfets indiquant : « En cas de remise en liberté par le magistrat du siège du tribunal judiciaire d’un étranger constituant une menace à l’ordre public, je vous demande de systématiquement faire appel de cette décision» En sortant, l’avocate espère que la décision du juge « ne donnera pas de faux espoirs à Mehdi ».

« Un effondrement du droit des étrangers »

Deux jours plus tard, nouvelle audience à la cour d’appel de Paris. Devant le « service des étrangers », deux hommes, la quarantaine, attendent, nerveux, en fumant une cigarette. Ils ont eu du mal à trouver la salle, située au fond d’une cour à laquelle on accède, après avoir descendu des escaliers mal indiqués et être passés devant les voitures de la BRI et de l’antiterrorisme. Le retenu qu’ils sont venus soutenir leur a dit qu’hier la juge n’avait libéré personne en appel et qu’à la fin de la journée, tout le monde était revenu au CRA. « Ils en parlent, là-bas, de ce que font les juges », expliquent-ils. Ils espèrent qu’aujourd’hui ce sera moins pire.

À l’intérieur, il y a une salle où attendent les personnes retenues, distincte de la salle d’audience. Dans cette dernière, un bruit de fond s’ajoute aux plaidoiries qui s’enchaînent. Une porte la sépare d’un espace où patientent d’autres avocats et des policiers. L’une d’elles lit un bouquin, la journée sera longue. Il y a 19 dossiers, les audiences sont courtes, 10 minutes, pas plus.

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Vers onze heures, c’est au tour de Mehdi, qui s’avance vers le juge. La tache de sang séché se voit à peine sur le tissu noir du bonnet qu’il a enlevé en entrant dans la salle. Un bandage blanc lui enserre le crâne. La veille, deux autres retenus l’ont agressé parce qu’il ne voulait pas faire entrer de cannabis à l’intérieur du CRA. À la suite de cette agression, il a, de nouveau, été placé à l’isolement, dans la salle même où il a tenté de se suicider deux semaines plus tôt.

La procureure cite son casier judiciaire, l’avocate de la préfecture invoque une « menace à l’ordre public », Nina Galmot répète ce qu’elle a dit deux jours plus tôt. Le juge regarde Mehdi, lui demande s’il veut ajouter quelque chose. « Je n’arrive plus à supporter le placement en rétention », dit-il. Dossier suivant. La décision tombe dans l’après-midi, Mehdi est maintenu en rétention, pour 30 jours au moins.

Pour l’administration, justifier le maintien en rétention est de plus en plus facile.

Me Galmot

Pour l’avocate, Nina Galmot, « c’est un scandale. Un juge des libertés et de la détention, censé se prononcer sur le maintien en rétention pour 30 jours supplémentaires, garant au titre de l’article 66 de la Constitution de la préservation des libertés individuelles, dit qu’il n’a pas à savoir si une personne a tenté de se suicider en rétention et présente des risques suicidaires importants. Et ça, au nom du secret médical ». La décision concernant Mehdi s’inscrit dans un contexte délétère pour le droit des étrangers. « Depuis la loi asile immigration de 2024 et les circulaires Darmanin et Retailleau, on assiste à un effondrement des droits des étrangers. Pour l’administration, justifier le maintien en rétention est de plus en plus facile, il y a de moins en moins d’exigences légales. »

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Nina Galmot et les proches de Mehdi se disent inquiets pour lui. Fin janvier, il a manqué de « vriller » à nouveau. Un des hommes retenus dans son bâtiment a été libéré par le JLD, la préfecture n’a pas fait appel. « Pour être sincère, j’étais à deux doigts de prendre une corde, de la passer autour de mon cou et de me pendre. Il a passé quatre jours ici, et il est sorti, direct. C’était un Européen, un Espagnol. Je me suis dit : ‘C’est quoi ce délire ? Comment ça se fait que moi le JLD m’a libéré et que la préfecture a fait appel ?’ »

Depuis sa tentative de suicide, le 9 janvier, il explique qu’aucun rendez-vous psychologique ne lui a été proposé. Il compte chaque jour qui s’écoule. Au CRA de Vincennes depuis plus de 45 jours, la moitié de la durée maximale de rétention, il tente de se convaincre : « J’ai fait la première mi-temps. J’essaie de tenir. » Le 25 janvier, la sénatrice Anne Souyris (EELV) a visité le CRA de Vincennes. Fin novembre, un homme était mort après une première tentative de suicide au sein du CRA, à l’issue de laquelle il avait été ramené en rétention. À la question de savoir s’il y avait eu d’autres tentatives de suicide depuis, les policiers, comme l’infirmier, ont répondu : « Non, pas à notre connaissance. »

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