« L’Intruse et Les Aveugles », cataclysmes statiques

La pièce mise en scène par Tommy Milliot réactive la radicalité symboliste.

Anaïs Heluin  • 26 février 2025 abonné·es
« L’Intruse et Les Aveugles », cataclysmes statiques
Le théâtre de Tommy Milliot réactive la rupture esthétique radicale qu’a représentée le théâtre symboliste de Maeterlinck.
© Christophe Raynaud de Lage

L’Intruse et Les Aveugles / jusqu’au 2 mars, au Théâtre du Vieux-Colombier.

Réduite à une bande étroite semblant vouée à s’amenuiser toujours plus, meublée seulement d’une table ronde, de quatre chaises et d’une lampe de plus en plus indécise, la surface de jeu de L’Intruse et Les Aveugles a davantage l’allure d’une esquisse que d’un intérieur complet.

Au Théâtre du Vieux-Colombier, on reconnaît le rapport singulier que le metteur en scène et directeur du Nouveau Théâtre de Besançon, Tommy Milliot, entretient avec ses décors. En 2020, il honorait dans la même salle la première invitation de la Comédie-Française avec Massacre de Lluïsa Cunillé, étrange huis clos dans un hôtel paumé.

Économie de gestes et de mots

Œuvres de jeunesse de Maurice Maeterlinck, qu’il qualifie lui-même de « drames statiques », les textes mis en scène par Tommy Milliot ont en commun avec Massacre un lourd poids de silence et d’inconnu. Dans le cadre domestique décrit plus tôt, puis après un entracte dans un espace plus abstrait encore, des hommes et des femmes attendent une chose qu’ils ne savent ou ne veulent pas nommer : la mort.

Aussi économe en gestes qu’en mots, le théâtre de Tommy Milliot réactive avec une grande subtilité la rupture esthétique radicale qu’a représentée à l’époque le théâtre symboliste dont Maeterlinck fut l’un des fers de lance.

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Théâtre
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