Espagne : une voie diplomatique à part ?
Si Pedro Sánchez a rompu avec la ligne européenne concernant le génocide de Gaza, il s’est aligné sur ses alliés du Vieux Continent concernant la guerre en Ukraine et l’augmentation des dépenses militaires.
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© OSCAR DEL POZO / AFP
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En Espagne, cinq ans de politiques à contre-courant Pedro Sánchez, le « renard » de la politique espagnole Yolanda Díaz : « On ne progresse pas par la peur mais par l’espoir »Le gouvernement espagnol a construit une voix propre en politique internationale, relativement autonome des grandes puissances européennes. Pedro Sánchez évolue avec habileté dans le domaine diplomatique, qu’il utilise pour obtenir des bénéfices sur la scène politique nationale. La montée de l’extrême droite mondiale lui a permis de se revendiquer comme l’un des rares dirigeants progressistes qui résistent à la vague réactionnaire mondiale, une stratégie qui lui a rapporté des bénéfices lors des élections générales de 2023 et qu’il exploite à nouveau depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Sánchez est conscient que ses électeurs n’accepteront aucune réduction des dépenses sociales pour augmenter le budget militaire.
Sánchez – qui est aussi président de l’Internationale socialiste – a rompu avec la ligne européenne concernant le génocide de Gaza, en formulant de vives critiques contre Israël. L’Espagne a été l’un des premiers États occidentaux à reconnaître l’État de Palestine et à suspendre partiellement le commerce des armes avec Israël. Une position qui lui a valu des attaques démesurées de la part de Benyamin Netanyahou, qui est allé jusqu’à accuser Sánchez « d’inciter au génocide juif ». L’attitude du dirigeant espagnol répond en grande partie à la pression de son partenaire gouvernemental, Sumar, et au soutien massif de la population espagnole à la cause palestinienne.
En revanche, sur le dossier de l’Ukraine, Sánchez suit fidèlement la ligne tracée par la Commission européenne et les principales capitales européennes : un soutien inconditionnel à Volodymyr Zelensky, avec lequel il s’est réuni à quatre reprises. L’Espagne a consacré plus de 1,4 milliard d’euros à l’aide militaire à l’Ukraine et, en février dernier, un paquet de 1 milliard supplémentaire a été annoncé. Face au tournant de Donald Trump concernant le conflit, Sánchez s’est aligné avec ses alliés européens et a ouvert la porte à une participation à une mission de paix en Ukraine, bien qu’avec moins d’enthousiasme que la France ou le Royaume-Uni. Les positions traditionnellement pacifistes de la population espagnole rendent risqué tout envoi de troupes à l’étranger.
Équilibriste
Après quelques hésitations, Sánchez s’est également plié aux exigences européennes d’augmenter les dépenses militaires nationales, malgré les réticences de la vice-présidente Yolanda Díaz et l’opposition catégorique d’autres dirigeants et partis de gauche, comme Podemos, dont dépend la majorité parlementaire des socialistes. De plus, Sánchez est conscient que ses électeurs n’accepteront aucune réduction des dépenses sociales pour augmenter le budget militaire, ce qui complique sa volonté de rejoindre la spirale belliciste de l’UE en réponse aux menaces de Trump de retirer la couverture de sécurité à l’Europe.
Sánchez est en train d’exercer ses talents d’équilibriste politique face à l’administration Trump. Bien qu’il ne critique pas directement l’occupant de la Maison Blanche afin d’éviter des conflits diplomatiques avec les États-Unis, il a censuré Elon Musk, l’accusant – sans le nommer – « d’attaquer nos institutions, d’attiser la haine et d’appeler à soutenir les héritiers du nazisme en Allemagne ». Sánchez s’est également rapproché de gouvernements progressistes d’Amérique latine, comme celui de Lula da Silva au Brésil, afin de se soutenir mutuellement face à l’ascension mondiale de l’extrême droite, et de renforcer son image de leader international, qui peut lui apporter tant de bénéfices politiques dans la scène politique espagnole.
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