Justice pour Djamel Bendjaballah
Dans une tribune, Thomas Portes, député LFI, demande la requalification du meurtre de cet éducateur spécialisé en 2024 par un membre d’un groupuscule d’extrême droite – Brigade française patriote –, en meurtre raciste ainsi que la dissolution de cette organisation.

© Compte X de Ugo Bernalicis
Le 31 août 2024, à Cappelle-la-Grande, Djamel Bendjaballah, éducateur spécialisé, était assassiné par Jérôme Décofour, responsable régional d’un groupuscule d’extrême droite nommé Brigade française patriote. Son meurtrier l’écrase à 3 reprises sous les roues de son véhicule, le tuant sous les yeux de sa fille de 10 ans.
Ce crime odieux fait suite à des mois de harcèlement raciste, durant lesquels l’accusé avait multiplié les menaces et intimidations islamophobes à l’encontre de la victime. Entre décembre 2022 et août 2024, Djamel Bendjaballah a déposé trois plaintes, restées sans suite. L’agresseur lui envoyait notamment des saucissons estampillés « halal » et l’insultait de « sale bougnoule » ou de « sarrasin », sans qu’aucune mesure ne soit prise par les autorités compétentes.
Jérôme Décofour détenait un arsenal de 22 armes, dont 20 ont été retrouvées à son domicile. L’appartenance de l’assassin à un groupe néonazi violent et la multiplication de ses agressions islamophobes ne laissent place à aucun doute sur la motivation haineuse et raciste de son acte. La famille de Djamel et le collectif Justice pour Djamel demandent aujourd’hui à ce que l’instruction retienne le motif raciste de ce crime.
L’affaire a donné lieu à de graves manquements des services de police et de la justice.
Délais inhabituels dans la procédure, absence de motif valable pour le classement sans suite des plaintes déposées de son vivant, l’affaire a donné lieu à de graves manquements des services de police et de la justice. Toute la lumière doit être faite sur les circonstances de cet assassinat et sur l’absence de suites données aux plaintes déposées par Djamel de son vivant.
Par ailleurs, six mois après ce brutal assassinat, la Brigade française patriote poursuit ses activités en toute liberté. Composée en grande partie d’anciens militaires, ce groupe s’entraîne à la guérilla urbaine et affirme se préparer à une prétendue « guerre civile » qu’il considère inévitable. Ses membres ont été impliqués dans des agressions physiques et des campagnes de harcèlement à l’encontre des populations immigrées. Sur leurs réseaux sociaux, des appels explicites à la violence raciste circulent en toute impunité. Le groupuscule organise également des formations paramilitaires et des entraînements au tir et compte près de 800 membres actifs repartis sur l’ensemble du pays.
Partout en France, ces groupuscules, qui sont une menace pour l’ordre public et une atteinte au principe constitutionnel de fraternité, ne cessent de se développer, comme le souligne le dernier indice de l’ONU indiquant une hausse du terrorisme d’extrême droite de 320 % et le fait que la moitié des projets d’attaque européens ont eu lieu en France.
L’assassinat raciste de Djamel Bendjaballah doit sonner comme un signal d’alarme (…) L’extrême droite continue de tuer en France.
La Brigade française patriote à laquelle appartient l’assassin de Djamel Bendjaballah doit être dissoute immédiatement par le gouvernement. À l’heure du renforcement de l’internationale fasciste et de la multiplication des incitations à la haine et à la violence, l’assassinat raciste de Djamel Bendjaballah doit sonner comme un signal d’alarme. Trois ans après l’assassinat de Federico Martín Aramburú, joueur international de rugby argentin, par des militants néonazis, l’extrême droite continue de tuer en France.
Le gouvernement doit urgemment agir pour mettre ces groupuscules violents hors d’état de nuire. Nous demandons Justice pour Djamel : requalification du meurtre en meurtre raciste, une enquête indépendante et la dissolution du groupuscule d’extrême droite Brigade Française Patriote.
Pétition « Lettre ouverte à la Procureure de la République de Dunkerque » à signer ici.
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