« Adolescence » : la vérité est ailleurs
La mini série diffusée sur Netflix – aussi prodigieuse dans le fond de ce qu’elle raconte – est devenu un tel phénomène qu’il sera prochainement diffusé dans tous les collèges et lycées britanniques.
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© Netflix
Difficile, en ce moment, de ne pas avoir l’impression de vivre dans une dystopie quand on allume sa télévision (pour celles et ceux qui en ont encore une). La condamnation de Marine Le Pen, dans l’affaire dite des assistants parlementaires, en est une énième et très bavarde illustration (qu’Arrêt sur images a largement documentée cette semaine, à travers plusieurs articles).
Pour sonder et explorer les pires névroses contemporaines, les séries anglaises sont ce qu’il se fait de mieux en la matière.
Alors quelques heures durant, nous avons été voir ailleurs. Oh pas loin, sur la plateforme américaine Netflix, où est diffusée depuis le mois de mars une série anglaise, Adolescence. Quatre épisodes d’une heure environ, tous filmés en plan séquence (sans aucune interruption, ni montage), qui raconte l’arrestation d’un adolescent de 13 ans, accusé du meurtre de Katie, une camarade de son collège.
Phénomène
La prouesse ici n’est pas seulement formelle : cette mini-série est aussi prodigieuse dans le fond de ce qu’elle raconte, la sombre réalité des choses invisibles sur laquelle elle met le doigt, caméra au poing : la haine des femmes, alimentée par les discours de l’influenceur masculiniste Andrew Tate (nommé dans la série) qui se propage sur les téléphones de millions d’adolescents, hors de tout contrôle.
Les parents incapables de décrypter les messages postés par leurs propres enfants sur les réseaux, et de comprendre que oui, la couleur d’un smiley cœur sur Instagram peut potentiellement ruiner leur existence. Ce qu’il reste d’une cellule familiale, et du reste de la société, après un tel drame. Toutes ces questions sont abordées dans cette courte série avec brutalité et sensibilité, sans (trop de) pathos.
Pour sonder et explorer les pires névroses contemporaines, les séries anglaises sont, ces dernières années, ce qu’il se fait de mieux en la matière (rappellons-nous des premières saisons de Black Mirror ou Years and Years, pour ne citer qu’elles).
Au Royaume-Uni, Adolescence est devenu un tel phénomène qu’il sera prochainement diffusé dans tous les collèges et lycées britanniques, pour tenter de sensibiliser les élèves aux différents thèmes (harcèlement scolaire et discours haineux notamment) abordés dans la série.
La même chose serait-elle possible en France ? Interrogée à ce sujet, la ministre de l’Éducation Elisabeth Borne a répondu que non, arguant notamment du fait qu’on avait de « bonnes séries françaises » sur le sujet. Raison de plus, peut-être, de regarder Adolescence.
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