Criminalisation de la solidarité avec Gaza : pour la relaxe d’Anasse Kazib et de tous les soutiens de la Palestine
Yanis Varoufakis, Pablo Iglesias, Angela Davis, Annie Ernaux, Ken Loach et plus d’un millier de personnalités appellent au soutien des défenseurs de la cause palestinienne menacés partout dans le monde.

© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Tandis que Trump s’attaque aux étudiants pro-palestiniens de Columbia, 18 activistes de Palestine Action sont emprisonnés au Royaume-Uni dans l’attente de leur procès. Des universitaires continuent d’être licenciés jusqu’en Suisse pour leurs prises de position politiques, alors que la nouvelle coalition au pouvoir en Allemagne compte durcir l’offensive en cours dans le pays. En France, le collectif Palestine Vaincra vient d’être dissous et des manifestations féministes sont interdites en raison de la présence d’organisations pro-palestiniennes.
Le délit d’« apologie du terrorisme » est une spécificité française.
Dans ce contexte, l’État français a décidé de passer un cap dans la répression des opposants politiques. Le 18 juin prochain, deux militants de l’organisation Révolution Permanente seront jugés pour « apologie du terrorisme », dont son porte-parole, cheminot, militant syndical SUD Rail et ancien candidat à la présidentielle, Anasse Kazib. En avril 2024, ils avaient été convoqués par la police anti-terroriste au même titre que l’eurodéputée Rima Hassan, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, et différentes personnalités.
Si l’utilisation de moyens anti-terroristes contre les soutiens de la Palestine se banalise, le délit d’« apologie du terrorisme » est une spécificité française. Entré dans le code pénal en 2014 au nom de la lutte contre le djihadisme, il permet de condamner à des peines de prison pour des opinions politiques. Depuis le 7 octobre 2023, cette disposition, contestée jusque par la Cour européenne des droits de l’homme ou par d’anciens juges anti-terroristes comme Marc Trévidic, est mobilisée pour réprimer des étudiants, des militants, des élus locaux, des dirigeants syndicaux comme Jean-Paul Delescaut de la CGT ou des intellectuels, à l’image de François Burgat, jugé le 24 avril prochain, qui ont le tort de porter un discours différent de celui du gouvernement.
Cette politique pénale s’accompagne d’une véritable persécution, qui va jusqu’à appeler des mesures aussi lourdes que la déchéance de nationalité à l’encontre de personnalités comme Rima Hassan. Poursuivre le porte-parole d’une organisation politique nationale est cependant sans précédent. Il s’agit d’un véritable test pour l’État : s’il aboutit à une condamnation, personne ne sera à l’abri de procédures qui permettent de condamner des opposants ou des intellectuels critiques, mais aussi de les associer au « terrorisme », de les ficher comme tels ou de les rendre inéligibles.
La relaxe d’Anasse Kazib et de son camarade est un enjeu vital pour le mouvement de solidarité.
Face à cette répression, et par-delà nos désaccords politiques, il est impératif de faire front avec Anasse Kazib, ses camarades, et l’ensemble des soutiens de la Palestine réprimés. Le combat contre l’oppression du peuple palestinien est indissociable de la lutte contre la criminalisation de ses soutiens, et les outils qui permettent d’instaurer un véritable délit d’opinion et d’associer lutte pour la Palestine et terrorisme. Dans ce contexte, obtenir la relaxe d’Anasse Kazib et de son camarade est un enjeu vital pour le mouvement de solidarité. Le 18 juin prochain, faisons du procès des militants de RP l’occasion de dénoncer la répression d’État en France et à l’international.
Premiers signataires
Abby Martin, journaliste
Adèle Haenel, comédienne
Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la Paix, miembro del SERPAJ, Argentine
Alex Callinicos, professeur émérite, European Studies, King’s College London
Alexis Antonioli, CGT TotalEnergies Normandie
Andreas Malm, écrivain et professeur associé Lund University
Ángel Cappa, entraîneur de football
Angela Davis, professeure, écrivaine
Annie Ernaux, écrivaine, prix Nobel de littérature
Assa Traoré, comité La vérité pour Adama
Avi Mograbi, réalisateur israélien
Axel Personn, CGT cheminots Trappes
Berenger Cernon, cheminot et député LFI
Bhaskar Sunkara, rédacteur en chef de Jacobin
Camille Etienne, militante écologiste
Cédric Herrou, Paysans solidaires
Cédric Liechti, CGT énergie Paris
CGT Airbus Operations Toulouse
CGT Cheminots Paris Nord
Charles Post, professeur de sociologue à Borough of Manhattan Community College-CUNY
Chris Hedges, journaliste et auteur
Chris Smalls, fondateur de l’Amazon Labor Union
Christian Porta, CGT Neuhauser
Corinne Masiero, comédienne
David McNally, militant, Distinguished Professorship of History & Business at the University of Houston
Denis Robert, écrivain, journaliste, fondateur de Blast
Elsa Marcel, avocate
Enzo Traverso, Professor, Cornell University
Eric Cantona, ancien footballeur international
Eric Coquerel, député La France Insoumise
Eric Vuillard, écrivain
Etienne Balibar, philosophe
Extinction Rebellion France
Eyal Sivan, cinéaste
Fédération SUD Solidaires des urbains et interurbains
Ferat Koçak, député Die Linke au Bundestag
Frédéric Lordon, philosophe
Guillaume Meurice, humoriste
Grant Miner, étudiant de Columbia exclu pour son soutien à la Palestine, président du Student Workers of Columbia-UAW
Ilan Pappé, historien israélien et directeur du Centre européen d’études palestiniennes à l’Université d’Exeter en Angleterre
Irene Montero, eurodéputée de Podemos, ancienne ministre de l’Egalité
Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT du Nord
Jean-Paul Lecoq, sénateur PCF, Le Havre
Joey Starr, artiste
John Bellamy Foster, directeur de la Monthly Review
Katie Halper, journaliste
Keeanga Yamahtta Taylor, Princeton University
Ken Loach, réalisateur
Kevin Anderson, professeur de sociologie, University of California
Kleiton Wagner Alves da Silva Nogueira, Pesquisador do Práxis UFCG
Labor For Palestine, Palestinian’s Rights Organization
Les Soulèvements de la Terre
Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône, Coordinateur de La France insoumise
Marcel van der Linden, historien, Institut International pour l’Histoire Sociale, Amsterdam
Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, présidente du groupe parlementaire LFI-NUPES
Michèle Sibony, UJFP
Mohammed El-Kurd, écrivain et poète palestinien
Mona Aljalis, écrivaine
Momodou Tal, doctorant à Cornell, contraint de quitter les Etats-Unis pour son soutien à la Palestine
Mornia Labssi, inspectrice du travail
Myriam Bregman, avocate et ex-députée nationale argentine PTS / FIT-U, ex-candidate à la présidentielle
Nadav Lapid, réalisateur israélien
Nancy Fraser, philosophe
Nathan J. Robinson, rédacteur en chef de Current Affairs
Nicolás del Caño, député argentin, PTS / FIT-U
Norman Finkelstein, auteur
Noura Erakat, professor, Rutgers University
Olivier Besancenot, militant et écrivain, ancien candidat à la présidentielle
Olivier Mateu, secrétaire UD CGT 13
Pablo Iglesias, directeur de Canal Red, professeur de sciences politiques, Universidad Complutense de Madrid
Paul B Preciado, auteur
Philippe Poutou, ancien candidat à la présidentielle
Rachida Brakni, actrice
Rashid Khalidi, historien palestino-américain, Edward Said Professor Emeritus at Columbia University
Ricardo Antunes, professeur, sociologue de l’Université de Campinas
Richard Seymour, écrivain
Rima Hassan, eurodéputée LFI
Robert Brenner, professor emeritus of history, director of the Center for Social Theory and Comparative History at UCLA
Roberto Leher, professeur et ex-recteur de l’Université Fédérale de Rio
Robin D. G. Kelley, historien, UCLA
Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice
Romina del Pla, députée nationale argentine PO / FIT-U
Rony Brauman, médecin, essayiste, ancien président de Médecins sans frontières
Sâmia Bomfim, députée fédérale du PSOL (São Paulo)
Silvia Federici, professeure, Hofstra University
Simone Bitton, cinéaste israélienne
S.I.COBAS (Italie), syndicat
Solidaires 93
Steven Donziger, avocat
SUD Aérien
SUD Rail Paris Nord
Swann Arlaud, comédien
Tardi, dessinateur
Tariq Ali, historien et écrivain
Thierry Defresne, CGT TotalEnergies
Timothée Esprit, syndicaliste FNIC-CGT
Tsedek !, collectif juif décolonial
UNEF
Xavier Mathieu, comédien, ancien porte-parole CGT des Conti
Yanis Varoufakis, économiste, ancien ministre des Finances grec
Yassine Belattar, humoriste
Youlie Yamamoto, porte-parole d’ATTAC
La liste complète des signataires se trouve ici.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un DonPour aller plus loin…

Dominer et soumettre : un idéal qui traverse l’histoire des institutions policières

Quand la Justice indispose le FN-RN

Loi Savin contre le voile dans le sport : en République, la liberté doit rester la règle !
