18 septembre : Politis en direct des manifestations
« Massive » : la journée de mobilisation appelée par une intersyndicale au complet démarre ce 18 septembre, et elle s’annonce très suivie. Comme pour « Bloquons tout », Politis mobilise toute sa rédaction de média indépendant pour couvrir cette journée de grève contre un budget austéritaire.

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Sous les lacrymos, une soif de justice sociale Retraites, assurance-chômage, santé : trois sujets brûlants pour plus d’égalité Thomas Piketty : « Le combat pour la taxation des plus riches ne fait que commencer »Comme un air de bataille contre la réforme des retraites. Entre une intersyndicale qui n’avait pas battu le pavé main dans la main depuis la longue série de manifestations en 2023, un contexte de fortes tensions sociales et les annonces d’une journée de grève très suivie : tous les ingrédients semblent réunis pour engager un réel rapport de force contre l’exécutif, alors que Sébastien Lecornu entame fraîchement sa deuxième semaine à Matignon sous les dubitatives auspices de la gauche et du Parti socialiste, reçu hier.
Huit jours après une journée marquée par le mouvement « Bloquons tout », qui avait réuni 250 000 manifestant·es selon la CGT, ce sont pas moins de 600 000 à 900 000 personnes qui sont attendues par les syndicats – CFDT, CGT, FO, Solidaires, Unsa CFO-CGC, CFTC, et FSU, partout en France. Tous les services publics et notamment les syndicats de l’éducation, des transports, de l’énergie et de la culture ont affiché leur détermination face à un budget qui leur est particulièrement hostile.
Comme le 10 septembre, Politis propose un live au cœur des manifestations pour comprendre les revendications et les rêves des travailleuses et travailleurs en grève, des retraité·es usé·es, des étudiant·es qui viennent tout juste de reprendre les cours ou des lycéen·nes qui ne supportent pas l’avenir injuste que le gouvernement leur impose.
Pour ce 18 septembre, le live est tenu par Salomé Dionisi, Hugo Boursier et Guillaume Deleurence, qui œuvrera personnellement à la relecture des contenus. Sur le terrain, la rédaction, nos abonné·es et nos sociétaires – puisque Politis est aussi une coopérative – concourront à suivre les manifestations, partout en France.
19 h. Fin du direct, rendez-vous à l’acte III ?
1 million de manifestant·es, selon la CGT. Tous les signaux étaient au vert, ce matin, pour une journée de mobilisation massivement suivie. Les promesses ont été tenues. Et le message envoyé à Emmanuel Macron, explicite : la fin de sa politique et du monde d’ultrariches dont elle sert les intérêts. Quelle sera la suite ?
Notre journaliste éco-social, Pierre Jequier-Zalc, consacre son parti pris à cette question, stratégique. Une chose est sûre : contrairement à de nombreuses séquences de tension sociale, celle que l’on vit actuellement à ceci de notable, si ce n’est d’inédit : le million de personnes qui ont, selon la CGT, manifesté, ce 18 septembre, malgré la très forte présence policière, ne se battent pas « contre » quelque chose. Mais « pour ». Pour plus de justice sociale et fiscale. Pour leur dignité. Pour des services publics plus forts.
18 h 30 : à Paris, place de la Nation, très forte présence policière
Dans la capitale, le cortège parisien, parti de la place de la Bastille, termine son trajet place de la Nation. « Énorme dispositif policier, c’est un truc de fou. Le quartier est totalement bouclé » nous indique Carole Rouaud, responsable des relations extérieures de Politis. « Les gendarmes mobiles et la Brav-M enchaînent les bonds offensifs à Nation pour repousser les manifestants » confirme notre journaliste Maxime Sirvins. La place se vide, sous les interpellations, nombreuses et musclées. « Des charges dans tous les sens, des interpellations dans tous les sens. Il y a tous les corps de police du monde. Beaucoup de gens en sang » indique notre journaliste. À Toulouse aussi, les forces de l’ordre ont utilisé les lacrymogènes de façon généreuse, pour mettre fin à la mobilisation.
18 h 10. À Paris : « Je suis prête à me mobiliser encore »
Rencontrée dans le cortège parisien, Lucille jeune prof de français en collège (2e année d’enseignement), avec ses jeunes collègues : « On est toutes grévistes aujourd’hui, c’était important pour nous ! Je suis contente parce qu’il y a du monde. Je suis prête à continuer. Mais peut-être en me déclarant gréviste qu’un jour sur deux car financièrement sinon ça va être dur. Et oui je suis prête à me mobiliser encore. S’il y en a dans mon collège je le ferai. Mais en dehors de mon collège, pas sûr que je bloque un autre lieu car j’ai peur de la police. En tout cas, j’espère que ça va continuer ! »
L’idée, c’est de voir enfin la fin du macronisme.
Olivier
Olivier, lui, est fonctionnaire cadre catégorie A à la Ville de Paris, ex-militant pour une association de solidarité internationale et altermondialiste. Pour lui, c’est une « manif réussie avec beaucoup de jeunes, et surtout des mots d’ordre variés : en faveur de la Palestine mais aussi contre les discriminations envers les personnes LGBTIQA+… Mais d’abord, il faut dire que c’est une grève politique où le slogan principal est « Macron démission ! » on n’est pas là pour des revendications catégorielles, l’idée, c’est de voir enfin la fin du macronisme. C’est plutôt un début de mouvement, pas un baroud d’honneur. Il y a aussi la frustration du mouvement contre la réforme des retraites. Les gens ont la rage. Il faut mettre un terme au macronisme !
Parmi mes collègues ceux qui se mobilisent le plus sont les cadres comme moi. Par contre dans les employés catégorie B, il y en a pas mal qui ne sont pas là et pas mal aussi qui voteraient plutôt RN. Ce sont des gens qui sont protégés dans leurs emplois, ils sont plutôt âgés et ne veulent pas de changement. C’est là que Le Pen fait des voix ! Ils se focalisent sur les immigrés mais en fait ils ne veulent que la tranquillité. Pépère quoi ! »
18 h 05. À Paris, les cortèges arrivent à la place de la Nation
Étape finale de la mobilisation du jour, à Paris, place de la Nation, où se trouve un très important dispositif policier. Mais avant, retour en images offert par un lecteur de Politis sur les premiers blocages d’un dépôt RATP et du lycée Maurice Ravel, ce matin.
17 h 37. Interview de Léa Jules-Clément, co-secrétaire générale de l’Union étudiante
La mobilisation des jeunes s’amplifie. L’Union étudiante estime environ à 110 000 jeunes mobilisés, ce 18 septembre ; le 10, ils étaient 80 000. Le syndicat a eu connaissance d’une « quarantaine d’assemblées générales qui se sont tenues dans des établissements supérieurs cette semaine », explique à Politis, Léa Jules-Clément, co-secrétaire générale de l’Union étudiante.. Ce matin, 14 facs étaient bloquées.
Pendant ces AG, les étudiant·es ont voté pour la participation aux mobilisations professionnelles. « Parce qu’on s’est mobilisés l’année dernière, contre les coupes budgétaires des universités, et l’année précédente contre la réforme des retraites, on a tirés des leçons. L’année dernière, on a vu qu’au-delà de la couverture médiatique, nous étions assez esseulés. Si on veut avoir une victoire sur notre budget, c’est évident que ça passe par une victoire sur le budget de tous les services publics. »
Ce, malgré le risque de garde à vue que les étudiant·es encourent. Léa Jules-Clément répète que les jeunes « subissent beaucoup de répression ». La syndicaliste parle de « camarades qui, après le 10, se sont retrouvés en garde à vue et relâché le lendemain matin, avec une amende de 300 euros ».
Si on veut avoir une victoire sur notre budget, c’est évident que ça passe par une victoire sur le budget de tous les services publics.
L. Jules-Clément
L’Union étudiante a lancé une cagnotte participative, puisque la plupart des personnes concernées sont des étudiant·es précaires. Elle raconte également que lors d’un « rassemblement de soutien aux personnes interpellées, des personnes présentes se sont elles-même retrouvées en garde à vue ». Des faits qu’elle qualifie d’« ahurissants » et « graves ».
17 h 15. « Des gens peu politisés réclament aussi un changement »
Autour de 11 heures, Siham Touazi l’avait dit : elle nous enverra une photo de l’union départementale de la CGT Val d’Oise dans laquelle elle milite, en plein dans le cortège parisien. C’est chose faite.
L’infirmière, qui a remporté avec ses anciennes collègues de l’Ehpad de Neuville-sur-Oise, dans le Val d’Oise, une importante victoire aux prud’hommes contre leur ancien employeur. La militante CGT, très active dans l’agglomération de Cergy-Pontoise, note que de nombreuses actions ont été organisées entre le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre et la mobilisation syndicale d’aujourd’hui. « Malgré la très forte présence policière, vraiment inhabituelle ici, je sens que des gens pas politisés réclament un changement. Ça commence à se conscientiser. »
17 h 09. LE MILLIONNNNNNN
C’est le nombre de manifestant·es estimé par la CGT dans toute la France.
17 h. Une manifestante rouennaise arrêtée pour un tag
La CGT et Solidaires appellent à un rassemblement de soutien, ce soir à 18 h devant le commissariat, rue Brisoult de Barneville, à Rouen, pour obtenir la libération d’une jeune manifestante pour un tag sur une poubelle. Voici l’œuvre de l’artiste :
16 h 49. À Brive-la-Gaillarde, « une manifestation détendue mais engagée »
« Chaleureuse, détendue, joviale, mais engagée. » Le résumé de la manifestation de côté de la sous-préfecture de Corrèze, par une lectrice de Politis. « Ambiance bon enfant, tous âges (des lycéens aux retraités, beaucoup de familles), tous corps de métiers, hôpitaux, enseignants, cheminots, taxis, énergie. Des pancartes réclamant la libération de la Palestine. »
16 h 29. À Montpellier, « des fachos se baladent et tabassent des militants de gauche »
Sur une vidéo qu’envoie le journaliste indépendant et spécialiste de l’extrême droite, Ricardo Parreira, 16 h 29. À Montepellier, « des fachos se baladent et tabassent des militants de gauche » sur Bluesky, on aperçoit quelques militants et un drapeau français derrière un cordon – épais – de forces de l’ordre qui les protègent.
16 h 20. Forte mobilisation à Toulouse
Marie, fidèle lectrice de Politis, nous indique que la manifestation est très fournie à Toulouse, et très encadrée par les forces de l’ordre. Elle a pu interroger Pauline Salingue, de la CGT CHU de Toulouse, s’exprimant au nom de l’union départementale, en l’absence du secrétaire général Cédric Caubère, parti avec la Flottille de la liberté pou Gaza. Selon Pauline Salingue, la ville rose voit défiler aujourd’hui 30 à 40 000 personnes. « Maintenant, on s’organise, maintenant, on fait monter le niveau ! » ajoute-t-elle.
16 h 14. À Paris, le Centaure est de sortie !
Il est là ! Même si les manifestant·es n’en veulent pas, il est là ! Le Centaure, dont les détails sont à retrouver ici, est garé sur la place de la République, à Paris, dont les issues sont bloquées par les forces de l’ordre, selon notre journaliste Olivier Doubre.
15 h 51. Sarah Legrain : « Avec cet acte II, la pression est toujours là »
Les insoumis jouent gros. Après « Bloquons tout » le 10 septembre, ils veulent encore une fois faire de ce jour de mobilisation une démonstration qu’il existe, dans le pays, une aspiration populaire en faveur de la destitution du président et de la censure de Sébastien Lecornu.
« Le 10 septembre a permis une victoire politique : pousser François Bayrou à demander un vote de confiance. Et le gouvernement est tombé. Aujourd’hui, avec cet acte 2, la pression est toujours là. On atteint un niveau de colère inégalée dans le pays, estimé la députée insoumise de Paris, Sarah Legrain. Et on se trouve dans une séquence où les gens se rendent compte de la faiblesse du pouvoir en place. Quand on discute avec les manifestants ou quand on regarde les mots d’ordre, on voit bien que les gens veulent faire tomber le pouvoir. »
On atteint un niveau de colère inégalée dans le pays.
S. Legrain
15 h 45. À Lille, le cortège est dense
« Rêve général », « De l’argent pour enseigner, pas pour bombarder » : à Lille, où le cortège s’est élancé à 14 h, une abonnée et sociétaire de Politis nous montre la rue Faidherbe, noire de monde :
« Les services publics symbolisent l’idée d’un abandon de l’État »
Julie Gervais, maîtresse de conférence en science politique à l’Université Paris I et co-autrice de La haine des fonctionnaires, avec Claire Lemercier et Willy Pelletier : « La convergence des luttes, très visible aujourd’hui, et la dénonciation unanime des mesures austéritaires, révèlent un fort sentiment d’injustice. Les services publics se retrouvent au coeur des cortèges : ils symbolisent l’idée d’un abandon de l’État, des ravages causés par la quête de la rentabilité immédiate, et encore de la destruction du lien social, de ce que l’on a en commun.
Cette destruction organisée, il faut la lire au regard des exonérations fiscales pour les plus riches et de l’explosion, en France, du nombre de milliardaires depuis les années 1980. Ce sont eux qui profitent du soutien de l’État. Ce sont eux qui, en réalité, sont les véritables « assistés ». Leurs impôts sont allégés, leurs intérêts respectés et leur recherche, financée. Le tout, sans condition. Pourtant, le discours dominant vise précisément à nous faire détourner le regard de ces privilégiés. Au lieu de dénoncer ceux qui sont en haut, le refrain néolibéral nous pousse à haïr celui ou celle qui se trouve à côté de nous.
Aujourd’hui, naît peut-être une prise de conscience générale qu’une noblesse managériale, privée et publique, est responsable de la misère actuelle. Le slogan, « On est là », au coeur du ministère de l’économie et des finances, à Bercy, est significatif. Il veut dire, vous, les décideurs, ‘regardez-nous, on est la France qui trime' ».
15 h 15. « Ambiance bon enfant » à Ussel, en Corrèze
À Ussel, une participante à la manifestation, qui réunit 420 personnes, nous indique : « Ambiance bon enfant, zéro débordement, fanfare, beau mélange de drapeaux : beaucoup de CGT, quelques LFI, un peu de Verts, de FO… »
15 h. À Paris, un « grand jour » pour Marine Tondelier
Avant de se fondre dans la foule parisienne, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier estime que la mobilisation du 18 septembre est déjà une réussite : « On attend sur la journée des niveaux équivalents aux mobilisations contre la réforme des retraites de 2023. C’est un grand jour. Le succès de cette mobilisation veut dire que les Français veulent se battre pour leur dignité. » Les écolos, et toute la gauche de manière générale, veulent profiter de la mobilisation pour mettre à l’agenda quelques propositions de justice fiscale, comme la taxe Zucman ou une révision des aides aux grandes entreprises…
« Sébastien Lecornu a voulu rencontrer les syndicats avant les partis politiques, c’est très bien qu’il le fasse. Mais une fois qu’il a fait ce geste, il ne peut pas dire qu’il n’entend pas la manifestation », prévient Marine Tondelier. La sénatrice écolo Mélanie Vogel va dans le même sens : « Cela fait plusieurs années que les mobilisations sociales n’aboutissent sur aucun débouché. La démocratie ne peut pas tenir longtemps comme ça. Il faut que le premier ministre réalise le danger historique que constituerait le fait qu’une énième mobilisation massive ne trouve aucune débouché politique. »
14 h 21. « Les attaques contre les services publics sont antiféministes »
Lisa est militante chez Féministes révolutionnaires, à Paris. Elle explique à notre journaliste et photographe Maxime Sirvins pourquoi elle est présente aujourd’hui à la mobilisation parisienne : « Aujourd’hui, on est venu parce que les Macron, les Bayrou, les Lecornu, proposent les mêmes politiques, qui consistent à toujours prendre aux plus pauvres pour financer les riches, ces assistés qui construisent leur fortune sur notre dos. »
« Nous, on est venu aujourd’hui pour dire que toutes les attaques contre les services publics, toutes les attaques contre le monde du travail, ce sont des attaques antiféministes et que nous, on est venues parce qu’on défend un autre projet de société. »
Je suis là pour lutter contre toutes les formes de précarité.
Jeanne
De son côté, Jeanne, syndiquée à l’Unef, exprime sa solidarité avec les générations plus anciennes. « Je suis en L1 à la Sorbonne-Nouvelle et je suis là pour lutter contre toutes les formes de précarité, autant chez les étudiants que chez les personnes âgées. »
À Rennes, « les CRS nous ont pris notre banderole »
Régine Komokoli, mère isolée à Villejean, un quartier populaire de Rennes, et co-fondatrice du collectif Kuné, un collectif de femmes, pour la plupart mères seules, nous a envoyé son témoignage audio. Elle raconte comment les forces de l’ordre ont empêché la tenue de leur manifestation ce matin.
14 h 10. « Si on est un million dans la rue aujourd’hui, c’est grâce à notre unité »
Sous un soleil qui rappelle les mobilisations contre la réforme des retraites, l’ensemble des numéros 1 des organisations syndicales ont tenu une conférence de presse avant le départ de la manifestation parisienne. Tous se félicitent des premières bonnes remontées de terrain. « À 13 h, on comptait déjà plus de 400 000 personnes mobilisées partout sur le territoire alors que les manifs des grandes villes n’ont pas commencé », note Sophie Binet.
Mais quelle suite donnera ce mouvement ? Les principaux leaders syndicaux restent flous. « On continuera d’occuper le terrain », assure Marylise Léon, numéro 1 de la CFDT qui accuse le patronat d’être à l’origine de la forte colère sociale du pays. « S’ils avaient voulu négocier dans le cadre du conclave, on en serait pas là ! »
Une intersyndicale pour prévoir la suite du mouvement aura lieu « très bientôt ». « Nos militants attendent beaucoup, ils ne veulent pas rentrer chez eux », souffle Frédéric Souillot, leader de FO. Même son de cloche à Solidaires, où on met en avant la réussite de la grève dans plusieurs secteurs : « Cette modalité d’action est la plus impactante et bloquante. Il faut continuer à construire un mouvement par la grève. » La question de l’unité syndicale reste toutefois importante pour les numéros 1 : « Si on est un million dans la rue aujourd’hui, c’est grâce à notre unité », assure Murielle Guilbert de l’union syndicale Solidaires, avant que le cortège s’élance.
14 h 03. « Macron, démission ! »
Les banderoles, à Paris, parlent d’elles-mêmes.
Lumir Lapray : « Les ultrariches n’ont pas envie de participer à l’effort collectif »
L’activiste, spécialiste de la lutte contre l’extrême droite dans les campagnes françaises, revient sur l’adhésion de la population française aux mesures proposées par la gauche, comme le révélait, hier, un sondage de l’Ifop.
« Les mesures proposées par la gauche sont comprises et populaires. Ça devrait nous rassurer, alors même qu’on nous assomme avec une propagande d’alliance néolibérale et néofasciste », explique l’autrice de Ces gens-là (Payot, 2025).
« Les ultrariches représentent une poignée de personnes qui n’ont pas envie de participer à l’effort collectif. Les Français·es l’ont bien compris. Après, on ne peut pas compter que sur la colère et l’urgence. Bien sûr, ces moments de tension sociale cristallisent des affects. Mais il faut pouvoir comprendre, se former politiquement, s’organiser, pour les personnes critiques de la gauche organisée puissent avoir, à nouveau, un sentiment d’appartenance. »
13 h 22. Fin de manif à Tarbes
« On est sur le même niveau de mobilisation que celle contre la réforme des retraites, même si à l’époque le seuil des 10 000 avait été franchi. Mais après un premier rendez-vous le 10 septembre, c’est largement un succès », se félicitait la FSU, avant 13 h.
13 h 20. Dreux : « On a besoin de tout »
Sandrine Leclerc, AESH et syndiquée FSU, ne décolère pas sur les coupes de budget dans l’éducation nationale. « On a besoin de tout : créer des postes d’enseignants, d’AED, d’infirmiers scolaires, d’AESH… et que les AESH aient enfin un vrai statut. On se bat depuis longtemps pour ça et ça n’avance pas. » Edouard Ramalho, professeur d’histoire-géo en lycée, se mobilise aujourd’hui pour répéter que sans argent, sans moyen, difficile d’enseigner correctement. « Aujourd’hui, nos projets, toute notre pédagogie est liée à la loi de finances donc tout est sans cesse remis en question. Impossible de se projeter avec nos élèves. On n’a même plus les moyens de leur offrir les livres qu’ils doivent lire ! »
Sans oublier la baisse drastique du budget du Pass culture. « Cela a des répercussions concrètes. Par exemple, une romancière devait venir rencontrer mes élèves mais j’ai été obligée de préciser que j’en savais pas si tous les frais seraient pris en charge par le Pass culture, ou par l’établissement… », détaille une prof de français.
13 h 12. Gare du Nord, à Paris : « Il ne peut pas y avoir de lutte sans objectif politique »
« Il ne peut pas y avoir de lutte sans objectif politique a atteindre », tonne Anasse Kazib, concluant l’AG, avant un vote à mains levées. « Première chose qu’on propose : de l’argent pour les services publics et les salaires pas pour l’armée et la guerre. Le deuxième : question du génocide à Gaza. Exiger la fin du génocide à Gaza. » Troisième revendication c’est « à bas le gouvernement Lecornu, Macron démission ! » Une dernière revendication : « Régularisation de tous les sans papiers, liberté d’installation. » Tout le monde – au moins 500 personnes –, lève la main. Les revendications sont adoptées par l’AG. Les personnes réunies vont maintenant se diriger vers le rassemblement parisien de cet après-midi, avec pour ambition que les précaires, les chômeurs ,les travailleurs et les étudiants prennent la tête du cortège, devant les chars de l’intersyndicale.
Le pink bloc, groupe LGBTQIA+ radical en grève, prend la parole. Un militant fait le point sur une action du jour : « Ce matin on a bloqué un carrefour dans les beaux quartiers » pour lutter contre le génocide et la complicité des entreprises. Il appelle au boycott.
13 h 10. Saint-Brieuc : Politis est là !
Une manifestation bien fournie à Saint-Brieuc, où des lecteurs et sociétaires de Politis nous ont envoyé ces photos. Il y aurait 2 600 personnes mobilisées selon Le Télégramme, dont un cortège lycéen. Le lycée Rabelais a été bloqué ce matin.
13 h. « Joie et ferveur » à Limoges
François, assistant social : « Nous sommes environ 10 000 personnes mobilisées à Limoges. C’est énorme. Quasi équivalent aux manifestations de la réforme des retraites. Syndicats, partis politiques de gauche, associatifs, citoyen.nes main dans la main pour réclamer le départ d’Emmanuel Macron. Les actions vont s’enchaîner toute la journée un peu partout en ville. »
12 h 55. Plein de drapeaux palestiniens à Rouen
Un lecteur assidu de Politis a vu « beaucoup de monde à la manifestation à Rouen, ce matin, avec de nombreux drapeaux palestiniens et antifascistes. »
12 h 50. À Caen, 17 000 personnes, selon les syndicats
Très forte mobilisation à Caen, si l’on en croit les chiffres avancés par les syndicats : 17 000 personnes.
12 h 45. « La grève générale ne se décrète pas. Elle se construit »
L’assemblée générale des cheminot·es commence, à la gare du Nord, à Paris. Notre journaliste sur place, Pauline Migevant, signale que toutes les interventions sont filmées par la police. Un syndicaliste, chasuble RATP sur le dos, parle de la violence, pas celle de ceux qui sont dans la rue, mais la « violence institutionnelle », « celle de la police », celle qui touche les travailleurs pauvres « qui n’ont pas d’oseille pour se loger ».
Il n’y a que la grève générale massive et reconductible qui va les faire plier.
Conducteur de RER à la gare du Nord, un homme prend la parole : « Aujourd’hui, on est en grève et c’est comme ça qu’on va bloquer le pays. La grève général, elle ne se décrète pas, elle se construit. Il faut mettre sur la table la grève reconductible. Ça doit être proposé dans toutes les assemblées générales et dans toutes les entreprises. Il n’y a que la grève générale massive et reconductible qui va les faire plier. »
12 h 30. « Même si Dati ne veut pas, nous on est là »
C’est une véritable manifestation de tous les secteurs de la culture qui s’élance : patrimoine, audiovisuel public et spectacle vivant défilent côte à côte en direction de la place de la Bastille, à Paris. Le cortège a pris son départ devant le ministère de la Culture et progresse désormais le long de la rue de Rivoli, aux cris de « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! »
« On est là pour l’honneur de la culture et pour un meilleur futur, même si Dati ne veut pas, nous on est là. » Les manifestants scandent ce chant et d’autres slogans rue de Rivoli, défilant au milieu des grands magasins. Ils ne passent pas inaperçus pour les passants : beaucoup filment, un grand nombre applaudissent ou chantent avec le cortège.
Pauline (nom d’emprunt), artiste plasticienne et membre de la CGT Spectacle, rappelle l’engagement qu’elle mène depuis février : « On mène des actions depuis des mois pour dénoncer les coupes budgétaires. Nous sommes très nombreux à vivre dans la précarité, sous-payés, avec un RSA bloqué… On n’arrive plus à vivre. »
Je n’ai ni congés maladie ni congés payés, et pourtant, c’est nous qui faisons tourner les grandes institutions.
Pauline
Elle alerte également sur « l’extrême droitisation de la culture » et la privatisation progressive des services publics. « Je n’ai ni congés maladie ni congés payés, et pourtant, c’est nous qui faisons tourner les grandes institutions. Nous sommes le diamant de la culture et du tourisme français. »
12 h 30. À Nevers, 2 000 personnes
C’est notre ancien rédacteur en chef adjoint et journaliste politique, Michel Soudais, qui était sur place : 2 000 personnes ont manifesté à Nevers (Nièvre), de la Bourse du travail à la préfecture. « La manifestation s’est terminée par une crise de parole unitaire d’un responsable de la CFE-CGC, avec un appel à maintenir la mobilisation. » Les organisations syndicales ont annoncé se retrouver dans l’après-midi pour discuter des suites du mouvement.
12 h 20. Limoges : la jeunesse mobilisée
Agathe, enseignante, Limoges (87) : « La jeunesse très mobilisée à Limoges depuis ce matin. Des cortèges massifs qui rappellent ceux des grandes mobilisations contre la réforme des retraites. »
12 h 05. Belfort : des lacrymogènes contre des mineurs
Elias, à Belfort : « On marchait pacifiquement sur le faubourg de Montbéliard, à Belfort, dans la joie. On se dirigeait vers le rond point pour rejoindre l’A36. Les CRS nous attendaient au bout. Ils nous ont gazés et chargés une première fois, on a reculé et on a voulu continuer à manifester. On s’est fait rechargés et gazés, puis une troisième fois avec encore plus de lacrymogène, alors qu’on s’était éloignés. Ils n’en ont rien à faire alors qu’on est 300 mineurs. »
12 h. « On veut des lits, pas des crédits »
« On veut des lits, pas des crédits », « Éducation + santé = la priorité », « Hôpital en détresse »… à Dreux, où se trouve notre journaliste Vanina Delmas, l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, UNSA, Cfdt, CFE-CGC) a mobilisé près de 300 personnes devant l’hôpital Victor Jousselin.
Béatrice, déléguée FO, a travaillé pendant 42 ans dans cet hôpital comme auxiliaire de puériculture et a vu la dégradation des conditions de travail et d’accueil. « Les 41 milliards d’euros d’économies annoncés sur la Sécurité sociale (1), ce n’est pas possible ! Ce seront encore des fermetures de lit, de services, la disparition de spécialités, pas d’embauche et des agents qui restent encore dans la précarité », s’indigne-t- elle, en pensant à une collègue en CDD depuis 6 ans.
Le chiifre est en pratique de 5,5 milliards dans le budget Bayrou. 41 milliards est la prévision du déficit – catastrophiste – de la Sécu pour 2030.
L’autre annonce qu’elle ne digère pas : celle du ministère de la Santé qui demande aux hôpitaux de se préparer à accueillir des blessés de guerre. « Je lutterai pour que personne n’aille à la guerre. Et pour qu’on vive plus dignement ! »
12 h. Grand Palais, à Paris : la Bibliothèque nationale en soutien et fin de l’occupation
Les revendications se veulent claires. Les agents dénoncent l’état préoccupant de certains bâtiments, qu’ils estiment laissé à l’abandon et nécessitant plus de rénovations. Ils rappellent aussi l’illégalité du recours à des prestataires extérieurs le 10 septembre pour remplacer les grévistes. À leurs côtés, des collègues de la Bibliothèque nationale de France sont venus en soutien, partageant des préoccupations similaires : manque d’embauches, salaires insuffisants, absence de prime d’ancienneté. Plus largement, tous réclament un budget à la hauteur des besoins, de moyens supplémentaires.
Certains visiteurs s’arrêtent, intrigués par le rassemblement. Une visiteuse, enseignante, intéressée par la mobilisation, lance : « Je vous soutiens et je vous rejoins à 14 h à Bastille ! » À 12 h, c’est la fin de l’occupation du Grand Palais. La mobilisation se poursuit tout au long de la journée. Après une première action devant le ministère de la Culture dont l’objectif est une tentative d’occupation, les grévistes annoncent leur détermination à continuer jusqu’à la place de la Bastille.
12 h. À Maisons-Alfort, la gauche reprend des couleurs
Aux côtés des salariés en grève illimitée depuis début juillet, le maire de Gentilly, Fatah Aggoune, l’ex-sénatrice communiste Laurence Cohen, le député insoumis Louis Boyard et le sénateur Pascal Savoldelli. « On a écrit à tous les sénateurs, on a écrit à tous les députés. Mais très peu ont répondu », dénonce pourtant un salarié syndiqué à Force ouvrière. « Notre responsabilité, c’est de faire tomber ce système qui a toujours défendu les mêmes », lâche Louis Boyard. Quant à Pascal Savoldelli, il pointe l’absence du Rassemblement national (RN) : « Est-ce qu’ils sont venus à Maisons-Alfort ? Est-ce qu’ils manifestent aujourd’hui ? Est-ce qu’ils ont bloqué ? Jamais. C’est une supercherie le Rassemblement national. »
12 h. Gare du Nord, à Paris : « Dans 30 ou 40 ans, je me dirai que j’ai essayé et que je n’étais pas parmi les gens qui ne faisaient rien »
Aloïs, 25 ans, attend sur le parvis de gare du Nord. Pour l’instant la police est en place, ainsi que différentes caméras. Les possibles manifestant.es attendent que l’assemblée générale commence. « Je me considère comme privilégiée » explique-t-elle à notre journaliste Pauline Migevant. En fauteuil roulant, elle touche l’AAH (allocation aux adultes handicapés) et explique ne pas pouvoir travailler avec son handicap. « Je ne fais pas grève donc je ne perds pas de sous et contrairement à d’autres je risque moins en venant ici. Je suis prête à prendre des risques judiciaires. » Elle avoue ne « pas être persuadée que les mobilisations changent quelque chose ». Mais au moins, ajoute-t-elle « dans 30 ou 40 ans je me dirai que j’ai essayé et que je n’étais pas parmi les gens qui ne faisaient rien ».
11 h 50. Hôpital Tenon, à Paris
C’est toujours moins de personnel, toujours moins d’argent, toujours moins de matériel…
S. Vilaire
Sophie Vilaire, secrétaire générale de la CGT à Tenon et infirmière, se livre auprès de notre journaliste Maxime Sirvins : « Le but, c’est d’être le maximum, d’être unis et d’être suivis. On peut avoir des différends, mais l’essentiel, c’est d’être ensemble. Aujourd’hui, il y a du monde mais moins que le 10, mais le 10, c’était tellement énorme qu’ils ont eu tellement peur qu’ils ont barricadé l’hosto. Il y a des policiers à droite, à gauche. Il y a quand même vachement de monde pour une prise de parole populaire aux hospitaliers parce qu’il n’y a pas beaucoup d’hospitaliers là, parce que déjà, on a du mal à se mettre en grève, nous, à l’hôpital en général. Mais en plus, aujourd’hui, à 11 h 00, à la même heure que le rassemblement qu’on a fait ici, il y avait un autre rassemblement à Saint-Antoine, au siège de l’ APHP, avec tous les collègues qui allaient ramener les revendications.
Les revendications, c’est quand même plus de fric pour l’hôpital public. En gros, ici, c’est vraiment le nerf de la guerre, l’argent à l’hôpital. Surtout quand on a entendu cette semaine le nouveau premier ministre dire que si on avait manqué d’argent, c’était en partie parce qu’on avait donné beaucoup d’argent à l’hôpital. Franchement, il ne faut pas déconner. Ça fait quand même des années qu’on se serre la ceinture. Moi, ça fait 20 ans que je suis infirmière ici. On avait fait une méga grève en 2010 qui avait duré 12 semaines. C’était les mêmes revendications. On n’a pas changé. C’est toujours moins de personnel, toujours moins d’argent, toujours moins de matériel, dégradation des conditions de travail des agents, dégradation de prise en charge des patients…
Là, je trouve qu’il y a une prise de conscience, plus que d’habitude. En espérant que ça puisse faire changer les choses. Là, je pense que c’est la goutte d’eau. Quand ils ont commencé à toucher aux jours fériés, ils reviennent en arrière. Les gens ont peut-être pris conscience que si on ne bougeait pas, ça serait la cata. »
11 h 30. Au Grand Palais, à Paris, « la culture est à terre, les agents sont en colère ! »
Au Grand Palais, où se trouve notre journaliste Kamélia Ouaïssa, les échanges sont vifs. Le 10 septembre, la direction a fait appel à des prestataires extérieurs pour remplacer les grévistes. En réponse, ces derniers ont tenu à faire entendre leur voix en se mobilisant dès le jeudi 18 au matin. Au sous-sol, rassemblés autour des canapés, les salariés tiennent depuis ce matin une assemblée générale. Chacun prend la parole à tour de rôle.
Manon Boltansky, membre de la CGT Culture, décrit une ambiance « extrêmement tendue » et une mobilisation particulièrement difficile : « Ça a été très compliqué, je n’ai jamais vu ça ailleurs. Nous avons dû ruser pour entrer : certains se sont fait passer pour des visiteurs, les drapeaux syndicaux ont été confisqués… » Un gréviste raconte qu’il a dû se présenter comme simple visiteur, affirmant qu’il venait « voir la coupole », pour pouvoir entrer dans les lieux. D’autres dénoncent une atteinte au droit de grève, jugeant la situation problématique.
À l’issue de la réunion, une action est lancée. Les grévistes investissent les espaces du Grand Palais, drapeaux levés et slogans scandés : « Du fric pour les services publics ! » Rapidement, le chant s’élève : « On va se rassembler pour bloquer le pays ! » Les slogans résonnent dans tout le lieu occupé : « La culture est à terre, les agents sont en colère ! »
Retailleau se rassure comme il peut
Alors que « l’ultra-gauche » pourrait « pourrir » la journée de mobilisation, a déclaré le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau lors de son point presse matinal, des actions moins « intenses » que prévues sont constatées depuis ce début de journée. Le locataire provisoire de la Place Beauveau estime tout de même que le nombre de manifestants du jour se compterait entre « 600 000 et 900 000 ». Soit un chiffre aussi massif qu’intense ! On se rassure comme on peut.
11 h 20. À Dieppe, « Tout va bien »
Un lecteur fidèle nous envoie cette image, prise devant le « Tout va bien », à Dieppe. En ce moment, ce n’est pas le lieu préféré de Bruno Retailleau.
11 h 10. À Tours, « on se bat pour que ces milliards donnés au patronat aillent dans les services publics »
Sous les applaudissements, les slogans et les klaxons, une manifestante, membre du Collectif 37 Notre santé en danger, explique auprès d’un abonné de Politis les raisons de sa présence en manifestation aujourd’hui.
11 h. Sophie Binet en soutien des salariés de Sanofi, à Maisons-Alfort
À Maisons-Alfort (Val-de-Marne), ce 18 septembre n’est pas le commencement de la lutte. Depuis début juillet, les salariés la plus ancienne usine Sanofi de France sont en grève illimitée pour lutter contre la vente de leur usine au sous-traitant allemand Adragos Pharma. Une vente prévue pour le premier trimestre 2026 qui menace plus de 400 emplois. « Aujourd’hui, la santé elle part dans les fonds d’investissement. La santé dans ce monde capitaliste, c’est un moyen, pour certains puissants, de s’enrichir toujours plus, dénonce Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral Fnic-CGT. Le 18, aujourd’hui, c’est une guerre contre le capital. Nous ne voulons pas que ce capital ait la main sur notre santé. »
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est venue soutenir les grévistes : « À Sanofi, les plans de licenciement, il y en a deux par an. Sanofi, ça symbolise tout ce qui ne va pas. Il faut rompre avec cette industrie financiarisée qui casse notre outil de travail. » Maisons-Alfort n’est pas la seule usine du groupe cédé. En 2022, le site d’Antony (Hauts-de-Seine) a été revendu. En 2019, celui de Romainville (Seine-Saint-Denis). En 2016, celui d’Alfortville (Val-de-Marne). En 2014, celui de Marly-la-Ville (Val-d’Oise).
Ce qui nous rassemble, c’est la volonté de mettre fin au disque rayé du macronisme.
S. Binet
Depuis Maisons-Alfort, Sophie Binet en profite pour faire passer quelques messages sur cette journée de mobilisation nationale : « C’est le moment de redresser la tête, pas de baisser les bras. On est aujourd’hui en position de force. Jamais le patronat et le gouvernement n’ont paru aussi fébrile. »
Pour la patronne de la deuxième centrale syndicale de France, la cible de cette journée du 18 septembre s’appelle Emmanuel Macron : « Ce qui nous rassemble, c’est la volonté de mettre fin au disque rayé du macronisme qui nous raconte la même histoire : « Le pays est endetté, donc il faut faire des sacrifices. » La dette n’a jamais été aussi élevée que sous Emmanuel Macron à cause des cadeaux faits aux plus riches et aux grandes entreprises. Et on nous demande de passer à la caisse ? Personne ici ne paiera. On ne rentrera pas chez nous. On continuera à se mobiliser tant qu’il n’y aura pas de rupture profonde avec cette politique, tant que le mot « justice » ne sera pas le slogan des gouvernements. »
À Maisons-Alfort (Val-de-Marne), la question des aides aux entreprises est dans toutes les têtes. « Aujourd’hui tout est question de fric, tout est question de dividendes », lance Serge, un salarié. Selon la CGT, Sanofi a perçu 1,5 milliards d’euros d’aide publiques et de crédits d’impôt perçus en dix ans. « Sanofi symbolise le vol de notre argent public », dénonce la patronne cégétiste Sophie Binet. Fabien Mallet, coordinateur CGT de Sanofi va dans le même sens : « Cette entreprise a absorbé plus de deux milliards d’aides publique. Mais 50% des bénéfices de Sanofi va systématiquement dans la poche des actionnaires. » La commission d’enquête sénatoriale de Fabien Gay et d’Olivier Rietman estime que le coût annuel des aides publiques s’élève à 211 milliards d’euros.
10 h 35. « Macron est fini, c’est ça la vérité »
« Aujourd’hui il faut rapprocher toutes les colères. Les salariés en CDI, les intérimaires, les sous traitants etc. C’est la condition de la victoire contre l’extrême droite. Parce que Macron est fini, c’est ça la vérité. » Arnaud Le Gall, député LFI du Val d’Oise (9e) est venu soutenir les travailleurs de Roissy en grève lors de l’AG.
Il faut que ce 18 soit une magnifique journée de mobilisation.
N. Pereira
Lors des prises de parole, la question de l’union des travailleurs – particulièrement éparpillés dans des dizaines d’entreprises au sein d’ADP, est au centre des discussions. « Il faut s’unir entre secteurs d’activités, on refuse la mise en concurrence entre nous. On doit créer du lien. Ce n’est que comme ça qu’on gagnera des nouveaux droits », assène devant la foule d’une soixantaine de personnes, Nicolas Pereira. Des bus ont été affrétés pour aller à la manifestation parisienne à 14 h. « Soyez prudents mais allez manifester. Il faut que ce 18 soit une magnifique journée de mobilisation », poursuit le cégétiste. La question de la poursuite du mouvement est aussi dans toutes les têtes. Une réunion est déjà prévue entre les organisations syndicales locales, dès le début de semaine prochaine.
La réforme des retraites, dans toutes les têtes
« On a pris deux ans dans la tête. » Pendant un ralentissement organisé à Toulon, entre l’A50 et l’A57, un syndicaliste de Force ouvrière revenait sur cette réforme allongeant l’âge du départ à la retraite, imposée par 49.3. « Je pense par exemple à la profession d’aide soignante, qui est la plus touchée par les maladies musculo-squelettiques… Travailler plus pour dégrader sa santé, ce n’est pas normal. »
La suspension de la réforme des retraites est l’une des conditions portées par le PS pour former un nouveau gouvernement. Cette mesure est d’ailleurs soutenue par une majorité de la population, selon un sondage IFOP rendu public, mercredi 17 septembre. 66% des personnes interrogées souhaitent revenir sur cette réforme.
D’autres propositions de gauche sont largement soutenues par la population, à l’instar de la taxe Zucman, cet impôt de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Une proposition qui donne des sueurs froides au Medef, mais qui est souhaitée par 86% des Français.
11 h. Sophie Binet en soutien des grévistes de Sanofi, à Maison-Alfort
Sanofi, ça symbolise tout ce qui ne va pas.
S. Binet
À Maisons-Alfort (Val-de-Marne), où s’est rendu notre journaliste Lucas Sarafian, ce 18 septembre n’est pas le commencement de la lutte. Depuis début juillet, les salariés la plus ancienne usine Sanofi de France sont en grève illimitée pour lutter contre la vente de leur usine au sous-traitant allemand Adragos Pharma. Une vente prévue pour le premier trimestre 2026 qui menace plus de 400 emplois. « Aujourd’hui, la santé elle part dans les fonds d’investissement. La santé dans ce monde capitaliste, c’est un moyen, pour certains puissants, de s’enrichir toujours plus, dénonce Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral Fnic-CGT. Le 18, aujourd’hui, c’est une guerre contre le capital. Nous ne voulons pas que ce capital ait la main sur notre santé. »
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est venue soutenir les grévistes : « À Sanofi, les plans de licenciement, il y en a deux par an. Sanofi, ça symbolise tout ce qui ne va pas. Il faut rompre avec cette industrie financiarisée qui casse notre outil de travail. » Maisons-Alfort n’est pas la seule usine du groupe cédé. En 2022, le site d’Antony (Hauts-de-Seine) a été revendu. En 2019, celui de Romainville (Seine-Saint-Denis). En 2016, celui d’Alfortville (Val-de-Marne). En 2014, celui de Marly-la-Ville (Val-d’Oise).
10 h. Maison des syndicats, à Roissy
Aujourd’hui tu vas faire tes courses, tu payes 100 euros et il y a rien dans le caddie.
À la maison des syndicats à Roissy, où se trouve notre journaliste Pierre Jequier-Zalc, plusieurs dizaines de travailleurs de l’aéroport sont en grève. Ils se réunissent en assemblée générale à 10 h avant d’aller manifester devant le siège d’Aéroport de Paris. Ce 18 septembre, outre les revendications nationales, les travailleurs sont inquiets de l’entrée en jeu d’une quatrième entreprise prestataire dans la gestion de Roissy-Charles de Gaulle.
L’arrivée d’une nouvelle entreprise, sans accord collectif, pourrait largement détériorer les conditions de travail et les acquis sociaux des salariés. « Cela risque d’être une immense casse sociale », s’inquiète Tayeb Khouira, au bureau central de Sud Aérien. Devant la maison des syndicats, les discussions vont bon train. Certains salariés ne se sont mis en grève que pour la matinée. « La question du pouvoir d’achat est centrale. Aujourd’hui tu vas faire tes courses, tu payes 100 euros et il y a rien dans le caddie. Nos salaires ne suivent pas », nous glisse l’un d’entre eux. Dans l’entreprise de Tayeb, le taux de grévistes est inédit selon lui : 82 grévistes sur 193 salariés, déclare-t-il. Même pendant la réforme de la retraite, il affirme n’avoir jamais vu ça.
Des économistes mobilisés
« Économistes, nous mesurons l’inanité d’un budget d’austérité qui sacrifie l’avenir de la jeunesse sur l’autel d’une politique dogmatique et inefficace. » La phrase a le mérite de la clarté : elle est rédigée par un collectif de 16 économistes du laboratoire Triangle, dans lequel figure Michaël Zemmour, fortement mobilisé sur la question des retraites.
Ces chercheurs et chercheuses alertent : loin d’être « des ajustements à la marge, [il s’agit] d’une profonde désagrégation qui détériore et détruit à petit feu et à bas bruit la recherche et l’enseignement publics en France. »
Le texte est à retrouver sur cette page.
9 h 20. Pluie de lacrymogène dans la météo sociale
Un point dans le ciel manifestant en ce jeudi 18 septembre : à Marseille, et dans plusieurs points de Paris, notamment à un dépôt RATP et devant une tentative de blocage du lycée Maurice-Ravel, à l’est de la capitale, une pluie de lacrymogène s’est abattue sur des manifestants tôt ce matin. Dans plusieurs endroits, le soleil ne s’était même pas encore levé.
Dans la cité phocéenne, c’est l’usine Eurolinks qui est bloquée, dans la lignée de l’action organisée au cours du 10 septembre et du mouvement, « Bloquons tout ». D’après les révélations de Disclose, l’entreprise avait livré du matériel servant au génocide en cours à Gaza.
Cette présence policière n’étonne personne, même si elle reste toujours impressionnante : Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’intérieur, avait annoncé la présence de 80 000 membres des forces de l’ordre. Et la sortie des fameux « Centaures », un modèle de blindé « armé jusqu’au dent », comme l’avait raconté notre spécialiste en maintien de l’ordre, Maxime Sirvins, dans ce mémorable « On a testé pour vous ».
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