Une (Sévère) Leçon De Maintien (Antifasciste) De Christophe Barbier (À Jean-Luc Mélenchon)
Dans un ajout à son éditorial de la semaine, le patron de L’Express – l’inénarrable Christophe Barbier – rapporte, petit un, que: «Samedi 26 mai, Jean-Luc Mélenchon, en campagne à Méricourt (Pas-de-Calais), s’en est pris à Tugdual Denis, journaliste à L’Express *, le chassant en ces termes: “Qu’est-ce que vous faites encore là, sale petit espion? Ça fait trois jours que vous m’espionnez, rentrez à Paris écrire vos saloperies dans votre journal fasciste. Fichez-moi le camp, dégagez!“»*
Puis, petit deux, que: « L’avant-veille, dans un café de Libercourt, le candidat du Front de gauche avait déjà invectivé Tugdual Denis, l’accusant d’être “lié personnellement à l’extrême droite“.»
Christophe Barbier trouve ça odieux, et il annonce que: « L’Express proteste contre cette attitude inacceptable, attentatoire à la liberté de la presse» [^2].
Après quoi, pour finir: il prévient que «les injures et les intimidations de Jean-Luc Mélenchon, prompt à dénoncer des dérives fascisantes dont il est devenu lui-même coutumier, ne nous empêcheront pas de dire la vérité telle que nous la voyons» .
Concomitamment, les syndicats CFDT et CGT de L’Express -Roularta[^3] font savoir qu’ils sont, comme leur boss , profondément «révoltés par les propos que Jean-Luc Mélenchon a tenus le 26 mai à l’encontre de Tugdual Denis» , car, primo, «qualifier L’Express de “journal fasciste“, c’est insulter gravement tous ses journalistes» , et en plus: «accuser» leur «collègue d’être lié à l’extrême droite est indigne» .
Lisant tout cela?
Nous avons le sain réflexe de nous rappeler que le même Christophe Barbier qui nous met là sous le nez sa vertu outragée a naguère fait publier dans son hebdomadaire le dessin ci-dessous, qui était l’oeuvre du fameux caricaturiste progressiste Jean Plantureux[^4] – et qui, pour autant qu’on le sache, ne suscita nulle émotion, dans les rangs des syndicats CGT et CFDT de L’Express -Roularta.
Cette amusante illustration, on le constate, accusait Jean-Luc Mélenchon d’être lié personnellement à l’extrême droite – par de serrées proximités tribunicienne et vestimentaire, puisqu’il y portait le même brassard (à un sigle près) et y lisait le même discours (exactement) que la Pen: elle signait donc, si nous suivons le raisonnement que Christophe Barbier applique à Jean-Luc Mélenchon, un égarement mussolinisant du fameux caricaturiste progressiste Jean Plantu – et du patron de L’Express lui-même, qui avait permis sa publication.
Et c’est inquiétant, mais no pasaran: les injures et les intimidations de Christophe Barbier et Jean Plantureux, prompts à dénoncer des dérives fascisantes dont ils sont eux-mêmes devenus coutumiers, ne nous empêcheront pas de dire la vérité telle que nous la voyons.
[^2]: C’est beau, reconnais? Moi aussi, maintenant, si tu me fais trop ch… Si tu m’importunes: je vais protester contre cette attitude inacceptable.
[^3]: Tu as envie de rire, et moi aussi – mais restons dignes, s’il te plaît.
[^4]: Connu aussi pour la vive drôlerie de ses représentations des grévistes en preneurs d’otages.
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