04-06-18, Les Glières-Langres
Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

© Philippe Somnolet / item
Drôle de journée aujourd’hui. Réveil à 6 heures pour faire quatre heures de car pour retourner vers Dijon, puis 5 heures de marche vers Langres. Cette ville dans laquelle notre venue a été difficile à négocier entre les assos locales et la mairie. Interdiction pour nous de traverser la ville. Nous sommes restés en périphérie seulement. Cortège sans slogans mais beaucoup de gendarmes. J’ai pas osé faire pipi dans la nature à cause de ça. C’était très dur. Dommage pour les slogans, c’est le meilleur moment de la journée quand on crie et chante tous ensemble. La veille quelques marcheurs ont lancé l’idée de jeûner toute la journée pour protester. Pour ma part, c’était impensable, c’est trop important de bien manger en voyage. Je ne sais pas combien ont tenu le défi. Protestation très discrète apparemment.
À noter que ce soir, c’était la première fois qu’il y avait un questions/réponses organisé sur ce qu’il se passe à la Jungle de Calais d’hier et d’aujourd’hui. Les gens étaient très intéressés et mon voisin de table n’en revenait pas. Je n’ai pas vu de jeunes Langrois dans l’assemblée. Je n’étais pas à l’aise, il y avait une atmosphère bizarre, comme si je n’avais pas mon mot à dire dans le déroulement de la soirée. Mais je pense aussi que c’est parce que beaucoup de marcheurs piliers sont partis ce week-end. Trop de nouveaux encore timides. En plus, c’était une étape où beaucoup de Langrois nous ont rejoints pour la journée. Tant mieux mais l’ambiance « tribu de marcheurs soudés » me manque ce soir. Ça passera. Je crois que j’ai besoin d’une bonne petite fiesta comme à Istres dans les vestiaires du gymnase. Simple et spontanée. Ce week-end, il y avait aussi une ambiance qui ne prêtait pas à la fête et à la folie. Ce sont nos deux carburants pour survivre à la marche.
Phrase que je retiens aujourd’hui : « Non en fait, ce qui différencie l’homme de l’animal ce sont les frontières. » – débat sur ce que j’ai écrit hier.
« Maintenant c’est fini mais dans le recommencement du bonheur, je ne peux pas oublier ça. » – échange sur la façon dont deux amis ont été traités en Libye. À savoir qu’ils ont aussi parlé des Libyens qui les ont aidés.
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