Les batailles de l’été

À l’approche d’échéances européennes importantes, la mobilisation se renforce contre les plantes transgéniques.

Sophie Chapelle  • 30 avril 2009 abonné·es

Plus de cent plantes transgéniques sont en attente d’autorisation sur le sol européen. Malgré les moratoires récemment décrétés par le Luxembourg et l’Allemagne sur les cultures en plein champ du maïs Mon810 de Monsanto, rien n’est gagné.
Après la campagne Stop-OGM de 2007-2008 et le lancement de Semons la biodiversité en octobre 2008, 200 militants d’organisations paysannes, environnementales et citoyennes se sont rassemblés les 18 et 19 avril à Toulouse lors d’états généraux, pour signifier qu’ils ne baisseront pas la garde face au péril transgénique.

Le calendrier européen va donner le la. Le 25 juin, lors du conseil des mi­nistres de l’Environnement, deux maïs transgéniques pourraient être autorisés à la culture : le BT11 de Syngenta et le TC1507 de Pioneer, tolérant à l’herbicide « glufosinate ». « Pour le moins paradoxal !, commente Michel Dupont, de la Confédération paysanne. En janvier, l’Union a placé le glufosinate sur une liste d’une vingtaine de pesticides à retirer progressivement du marché. »

Au sujet du Mon810, l’Agence européenne de sécurité des aliments doit émettre un nouvel avis le 13 juillet 2009. Il a déjà été suspendu par six pays et il n’est pas sûr que son autorisation soit renouvelée. Mais le front est mouvant : désormais, les militants redoutent aussi l’avènement des plantes « mutées », dont on a forcé l’évolution du génome (par irradiation, par exemple). Elles sont exclues du champ d’application de la directive 2001-18 sur les OGM ; et du tournesol et du soja mutés, en cours d’homologation, pourraient ainsi être inscrits au catalogue des semences sans obligation d’information des consommateurs.

La « tolérance zéro », principe européen selon lequel aucun OGM non autorisé par l’Union ne saurait être présent dans les produits importés, est aussi menacée. « Un lobby très puissant critique les délais d’autorisation trop longs, rapporte Hélène Gassie, des Amis de la Terre, e t pousse à l’adoption d’une tolérance de 0,1 %. » La porte serait alors ouverte à une augmentation progressive et subreptice de la présence d’OGM dans l’alimentation animale et humaine.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas
« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »
Entretien 8 novembre 2024 abonné·es

« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »

Le collectif de chercheurs Scientifiques en rébellion, qui se mobilise contre l’inaction écologique, sort un livre ce 8 novembre. Entretien avec un de leur membre, l’écologue Wolfgang Cramer, à l’approche de la COP 29 à Bakou.
Par Thomas Lefèvre
Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »
Entretien 6 novembre 2024 libéré

Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »

L’ancien chargé de campagne chez Greenpeace décrypte comment la complicité des ONG environnementalistes avec le système capitaliste a entretenu une écologie de l’apparence, déconnectée des réalités sociales. Pour lui, seule une écologie révolutionnaire pourrait renverser ce système. 
Par Vanina Delmas